L'UE voudrait faire sauter un premier verrou avant la fin de l'année en s'accordant sur les progrès réalisés au cours de la première phase de négociation sur les modalités du divorce avec le Royaume-Uni.
Donald Tusk, le président du Conseil européen, instance qui regroupe les chefs d'Etat ou de gouvernement, va proposer d'entériner le constat des négociateurs de l'UE prenant acte des "progrès suffisants" qui permettent de passer à la deuxième phase des discussions. Celle-ci portera sur une phase de transition qui suivra le départ effectif du Royaume-Uni prévu le 29 mars 2019.
Il faudra aussi ouvrir des discussions afin de poser les premiers jalons de la négociation sur la future relation entre les deux parties, notamment en ce qui concerne les liens commerciaux.
La décision ne sera toutefois prise que vendredi, dans un format de réunion à 27, sans la Première ministre Theresa May qui sera rentrée à Londres.
Mme May arrivera encore affaiblie jeudi à Bruxelles après avoir perdu de justesse mercredi soir un vote crucial au Parlement en raison de la rébellion d'une partie de son camp conservateur. Les députés ont voté un amendement prévoyant que tout accord final conclu sur le Brexit soit ratifié par un vote contraignant du Parlement, malgré l'opposition du gouvernement.
La dirigeante britannique profitera tout de même de sa présence à Bruxelles pour souligner auprès de ses collègues, lors du dîner jeudi, sa satisfaction qu'un "résultat juste" ait été obtenu dans les négociations sur le sort des citoyens expatriés, le contentieux de la frontière entre l'Irlande et la province d'Irlande du Nord, et sur la facture du Brexit, selon une source gouvernementale britannique.
Selon un haut responsable européen, si le feu vert du Conseil est bien acté vendredi, la Commission tablera son projet de directives de négociations le 20 décembre, permettant d'ouvrir les négociations sur la phase de transition en janvier. La question de la future relation ne serait mise sur la table qu'à partir du mois de mars.
'Discussion franche'
Les chefs d'Etats et de gouvernement auront auparavant consacré le petit-déjeuner aux propositions de la Commission pour réformer la zone euro en juin 2018.
Mais l'Union aura aussi d'autres préoccupations en tête dès jeudi, premier jour du sommet.
Deux ans après le pic de la crise migratoire, elle tente toujours de trouver une réponse de long terme aux arrivées de migrants sur les côtes méditerranéennes de l'UE, "un long processus qui aboutit quand même à des résultats", souligne une source européenne.
Le président Tusk espère une discussion "ouverte et franche" jeudi soir au moment du dîner sur "ce qui a marché et ce qui n'a pas marché" dans la réponse de l'UE à la vague migratoire depuis 2015.
Le débat s'est d'ailleurs échauffé entre la Commission et M. Tusk en amont du sommet.
Dans une note, le Polonais a relevé l'échec des discussions sur l'éventualité de mettre en place un mécanisme de quotas permanents, un débat polarisant qui à ses yeux empêche d'avancer sur la réforme nécessaire de la politique migratoire de l'UE et du "système Dublin", qui confie généralement au pays d'arrivée la responsabilité de traiter une demande d'asile.
Le commissaire aux Migrations Dimitris Avramopoulos, furieux, a qualifié mardi d'"inacceptable" la note de Donald Tusk adressée aux 28 en prévision du sommet. Il l'a accusé de "saper l'un des principaux piliers du projet européen: le principe de solidarité".
M. Tusk "a raison", a estimé un diplomate européen, selon qui l'attention devrait se porter sur les frontières, la coopération avec la Libye et un fond permanent pour lutter contre la migration illégale.
Au cours du dîner, la France et l'Allemagne feront le point sur le processus de paix de Minsk et les 28 devraient prolonger les sanctions économiques contre la Russie décrétées en réponse au conflit en Ukraine.
La question brûlante du statut de Jérusalem doit aussi être abordée.
Avant de se mettre à table, une cérémonie est organisée pour célébrer la participation de 25 Etats membres (sauf le Royaume-Uni, le Danemark et Malte) à une coopération militaire inédite par laquelle l'UE ambitionne de relancer l'Europe de la défense.
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