La Russie et la Chine ont salué mercredi ses déclarations qui semblent assouplir la position de Washington, même si la porte-parole de la Maison Blanche Sarah Huckabee Sanders a assuré mardi que le président Donald Trump "n'a pas changé de position sur la Corée du Nord".
Elle n'a pas précisé cette position. Par le passé M. Tillerson s'était fait publiquement rabrouer par M. Trump pour avoir évoqué l'existence de "canaux de communication" pour "sonder" les intentions du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un en vue d'un éventuel dialogue. "Il perd son temps à négocier", avait tweeté M. Trump début octobre.
Le Kremlin a salué un changement de ton "constructif" de Washington avec des déclarations "beaucoup plus satisfaisantes que la rhétorique de confrontation que nous entendions jusque là", selon son porte-parole Dmitri Peskov.
La Chine, en termes toutefois plus mesurés que Moscou, a pris note des déclarations de M. Tillerson et espéré que les Etats-Unis et la Corée du Nord vont entreprendre "des pas significatifs vers le dialogue", selon le porte-parole des Affaires étrangères Lu Kang.
Au moment-même où M. Tillerson faisait cette annonce, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un a, lui, alimenté la guerre des mots de ces derniers mois en assurant vouloir faire de son pays "la puissance nucléaire et militaire la plus forte au monde".
Cela n'empêche pas Pyongyang d'être "d'accord pour considérer qu'il est important d'éviter une guerre avec les Etats-Unis", selon le secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques, l'Américain Jeffrey Feltman.
Le responsable de l'ONU a rendu compte mardi à huis clos au Conseil de sécurité de l'ONU de son séjour la semaine dernière en Corée du Nord, à l'issue duquel Pyongyang avait accusé les Etats-Unis de "chantage nucléaire".
Jusqu'ici, l'administration de Donald Trump avait toujours affirmé que d'éventuelles négociations avec la Corée du Nord ne pourraient se tenir, à terme, qu'à condition d'avoir comme objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
"Il n'est pas réaliste de dire +nous allons discuter avec vous seulement si vous venez à la table des négociations prêts à abandonner votre programme+" nucléaire, a nuancé mardi Rex Tillerson lors d'une conférence à Washington. "Ils ont bien trop investi là-dedans", a-t-il estimé au sujet du développement de missiles intercontinentaux et d'armes nucléaires par le régime de Pyongyang.
'Sans condition préalable'
"Nous sommes prêts à discuter dès que la Corée du Nord voudra discuter", a-t-il poursuivi. "Nous sommes prêts à tenir une première réunion sans condition préalable".
M. Tillerson, qui s'exprimait lors d'une séance de questions-réponses, n'avait pas fait référence à l'absence de condition préalable dans son discours préparé à l'avance. Mais il avait rappelé que l'objectif américain restait bien d'obtenir, coûte que coûte, l'abandon "vérifiable" des armes nucléaires par la Corée du Nord.
"Rencontrons-nous, parlons de la météo si vous voulez, ou discutons pour savoir s'il faut une table carrée ou ronde si c'est ce qui vous fait plaisir. Mais au moins voyons-nous face à face et ensuite on pourra commencer à établir une feuille de route de ce vers quoi nous voudrions aller", a-t-il encore détaillé.
"Je vais poursuivre nos efforts diplomatiques jusqu'à ce que la première bombe soit lâchée", a par ailleurs lancé M. Tillerson tout en se disant "confiant" dans la réussite de la "campagne de pression" internationale visant à sanctionner et isoler Pyongyang.
"Comme toujours dans la diplomatie", "nous avons une présence militaire forte derrière nous": "si la Corée du Nord fait de mauvais choix, nous sommes prêts militairement", a-t-il aussi prévenu, estimant que les Etats-Unis ne pouvaient "simplement pas accepter une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire".
Donald Trump a plusieurs fois menacé de "détruire totalement" la Corée du Nord en cas d'attaque de la part du régime de Kim Jong-Un.
Selon le chef de la diplomatie américaine, si les Nord-Coréens ne renoncent pas à leurs ambitions nucléaires, "ils risquent de franchir un seuil à partir duquel nous, les diplomates, ne pourrons plus rien faire". "Si nous franchissons ce seuil, j'aurais échoué. Et je ne veux pas échouer", a insisté Rex Tillerson.
"Ce serait difficile de parler si au milieu de notre discussion vous décidez de tester un autre engin", a-t-il cependant dit à l'intention de Pyongyang, qui a tiré le 28 novembre son dernier missile capable selon des experts d'atteindre le territoire continental des Etats-Unis.
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