Après un an de menaces et d'insultes entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, cette déclaration peut-elle augurer une baisse des tensions? Voici quelques éléments de réponse:
- Qu'est ce qui a changé?
Pendant des années, les Etats-Unis ont refusé de négocier si la Corée du Nord ne prenait pas au préalable de mesures en vue du démantèlement de son programme nucléaire.
Mais la Corée du Nord a réalisé depuis 2006 six essais nucléaires et affirmé fin novembre être un Etat nucléaire à part entière dans la foulée d'un nouveau tir de missile intercontinental. La notion même de désarmement est devenue irréaliste pour nombre d'experts.
"Nous sommes prêts à discuter dès que la Corée du Nord voudra discuter", a déclaré mardi Rex Tillerson lors d'une conférence à Washington.
Ancien secrétaire américain à la Défense, William Perry, qui avait pris part à la conclusion d'un accord-cadre de 1994 avec le Nord, a vu dans cette déclaration "une nouvelle très encourageante".
"Nous devons trouver un moyen de revenir à la table (des négociations) pour désamorcer la situation volatile avec la Corée du Nord", a-t-il estimé dans un tweet.
- Que pense Donald Trump?
Au travers de sanctions et d'une rhétorique belliqueuse, l'administration Trump n'a cessé d'accroître la pression sur Pyongyang.
Le conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, le général H.R. McMaster, a déclaré il y a dix jours lors d'un colloque que la probabilité d'une guerre avec le Nord "augmentait chaque jour".
Le président américain a ces derniers mois balayé les efforts de son secrétaire d'Etat: "J'ai dit à Rex Tillerson, notre merveilleux secrétaire d'Etat, qu'il perd son temps à négocier avec le petit Rocket Man..." (l'homme-fusée), avait tweeté Donald Trump en octobre. Ces dernières semaines, la rumeur d'un remaniement au département d'Etat a enflé.
Aussi, rien ne permet d'affirmer que les déclarations de M. Tillerson annoncent un revirement de la politique américaine.
La porte-parole de la Maison blanche, Sarah Huckabee Sanders, a d'ailleurs affirmé que la position de M. Trump sur la Corée du Nord n'avait "pas changé".
- Comment pourrait réagir Pyongyang?
La Corée du Nord exige de longue date des discussions sans condition préalable et pourrait répondre de façon positive à M. Tillerson, selon des experts.
"Ils pensent que les Etats-Unis n'auront au final d'autre choix que de discuter avec le Nord. Et il se pourrait qu'ils aient raison", a déclaré Chung Sung-Yoon, de l'Institut pour l'unification nationale de Séoul.
"La stratégie du Nord est de faire le dos rond et de subir les sanctions jusqu'à ce que la communauté internationale en soit réduite à reconnaître le fait que le Nord est une puissance nucléaire", a-t-il dit.
Plus son programme nucléaire sera avancé, plus la position de la Corée du Nord lors d'éventuelles négociations sera forte.
- Que vont dire les voisins?
Il est vraisemblable que la Chine, unique allié d'importance et bienfaiteur économique de la Corée du Nord, ainsi que la Corée du Sud, voient d'un bon oeil les commentaires de M. Tillerson.
Sous la pression croissante de Washington pour ramener à la raison son voisin, Pékin a maintes fois appelé à désamorcer la crise. Le président sud-coréen Moon Jae-In est pour sa part bien connu pour être un partisan du dialogue.
Le Japon, allié militaire clé de Washington en Asie, a également réclamé que des moyens soient trouvés pour désamorcer les tensions. Certains missiles nord-coréens ont survolé l'archipel nippon.
- Quels sont les précédents?
Depuis des décennies, tous les efforts occidentaux ont fait chou blanc.
Un accord-cadre conclu en 1994 propose au Nord des réacteurs nucléaires civils et d'autres programmes d'aide en échange de la dénucléarisation. Mais Washington accuse Pyongyang d'avoir secrètement relancé son programme d'armements nucléaires, la Corée du Nord s'insurge des retards dans la livraison de l'aide et l'accord vole en éclats.
En 2003, c'est le début des pourparlers à six sous l'égide de la Chine, qui réunissent outre Pékin, les Etats-Unis, les deux Corée, la Russie et le Japon.
En 2005, le Nord promet de renoncer à ses opérations nucléaires mais mène son premier essai atomique l'année suivante. Pyongyang claque la porte des pourparlers en 2009 et conduit son deuxième essai nucléaire peu après.
Le Nord déroule inlassablement depuis ses ambitions militaires, accélérant le mouvement avec l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-Un au décès de son père Kim Jong-Il fin 2011.
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