En attendant les premières indications sur la participation au mouvement, les effets de cet arrêt de travail n'étaient guère visibles à l'antenne en début de matinée.
"Nous avons pu assurer nos matinales d'information normalement", à la fois sur France 2 et la chaîne franceinfo, même si le présentateur de la matinale de la chaîne d'info, Laurent Bignolas, a été remplacé, a indiqué à l'AFP une porte-parole du groupe.
Trois organisations -- CGT, FO et Syndicat national des journalistes (SNJ) -- ont appelé les salariés à cesser le travail "pour l'honneur du service public": à l'occasion d'un comité central d'entreprise, ils souhaitent mobiliser face à ce qu'ils considèrent comme une tentative de "démolition" du groupe.
Une assemblée générale du personnel se déroulera en fin de matinée.
Une grève, également pour protester contre les coupes budgétaires, avait déjà perturbé les antennes du groupe le 17 octobre, à l'appel des syndicats CGT, FO mais aussi CFDT qui cette fois ne participe pas au mouvement.
Mardi, les journalistes du groupe public ont adressé un coup de semonce à leur présidente, Delphine Ernotte, en adoptant à une majorité écrasante (84% des votants, avec un taux de participation de 69%) une motion de défiance à son encontre.
Sommée par le gouvernement de réduire de 50 millions les dépenses du groupe en 2018, à 2,57 milliards d'euros, la direction du groupe veut supprimer 180 postes équivalent temps plein (ETP) l'an prochain via des non-remplacements de départs à la retraite, dont 30 dans l'information. Ces mesures doivent être adoptées lors d'un conseil d'administration le 21 décembre.
Delphine Ernotte, dans un message envoyé aux salariés lundi, avait dit prendre "au sérieux" la motion de défiance mais avait défendu les économies projetées, y compris dans l'information, soulignant que "certains chantiers peuvent être difficiles, mais ils sont nécessaires".
Outre les mesures d'économies, les organisateurs de la grève s'inquiètent d'une réforme en profondeur de l'audiovisuel public, que le gouvernement veut lancer l'an prochain.
- 'C'est une honte' -
Cet automne, la révélation de "pistes de travail" radicales émanant du ministère de la Culture, évoquant un "rapprochement" entre France Télévisions et Radio France, ainsi qu'entre les réseaux régionaux de France 3 et France Bleu, mais aussi la suppression de France Ô ou le passage de France 4 à une diffusion 100% numérique, a déclenché la colère des syndicats qui craignent un affaiblissement et un démantèlement partiel du service public.
Et des propos très sévères du président Emmanuel Macron, tenus la semaine dernière devant des parlementaires, ont encore accru la tension.
"L'audiovisuel public, c'est une honte pour nos concitoyens, c'est une honte en termes de gouvernance, c'est une honte en ce que j'ai pu voir ces dernières semaines de l'attitude des dirigeants", aurait fustigé le chef de l'État selon Télérama. "L'audiovisuel public est la honte de la République", aurait-il dit selon L'Express, des propos toutefois démentis par l'Élysée.
Pour Force Ouvrière, ces signaux procèdent "d'une volonté d'instituer un climat anxiogène dans l'entreprise".
Le gouvernement veut aller vite sur cette réforme. Les patrons de l'audiovisuel public doivent présenter des propositions communes à la ministre de la Culture Françoise Nyssen le 21 décembre.
Cette dernière remettra ensuite ses recommandations à l'exécutif en janvier, en vue d'une décision en février ou mars.
Delphine Ernotte, dans son message aux salariés, a insisté sur la nécessité pour le groupe de se "transformer", sans attendre qu'on l'y oblige, "dans un univers qui change face à l'évolution des usages".
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