La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a défendu un "objectif très simple" avec ce projet qui vise notamment à supprimer le tirage au sort dans les filières en tension dès 2018 et réduire le taux d'échec en licence (61%): placer les étudiants "au centre" de l'orientation, avec pour "seule boussole" leur réussite.
La nouvelle plateforme Parcoursup, qui doit remplacer sous peu la controversée APB, permettra de passer d'un "traitement de masse" par algorithme à "un principe simple et juste", a-t-elle affirmé. Chaque université traitera la demande d'inscription de manière personnalisée et répondra au vu des "attendus", compétences requises pour être admis dans la filière souhaitée.
Ces "attendus", publiés mardi par le ministère au niveau national, sont appelés à être précisés par chaque université selon ses spécificités.
Leur "cadrage national" prévu par les députés en commission, vise notamment à éviter la compétition entre établissements et les inégalités sociales, en exigeant par exemple des prérequis coûteux comme le Bafa, a expliqué à l'AFP le rapporteur Gabriel Attal (LREM). L'ensemble des établissements devront être sur la plateforme d'ici à 2020.
Traduction législative du plan étudiant présenté en octobre, la réforme, qui passe aussi par une orientation renforcée au lycée, est assortie d'un financement de près d'un milliard d'euros sur la législature, un "investissement exceptionnel", selon Mme Vidal.
'Baisser les bras'
Le texte, qui fera l'objet d'un vote solennel en première lecture le 19 décembre, n'a jusqu'à présent pas suscité de fortes mobilisations. Mardi, une quarantaine de personnes se sont réunies non loin de l'Assemblée, avec des drapeaux CGT, Unef, FO-Paris, Snesup (syndicat FSU de l'enseignement supérieur). Une représentante du Snesup a reconnu que décembre, "mois des conseils de classe", rendait "difficile de mobiliser les professeurs", mais évoqué "un travail de terrain" en cours pour convaincre.
A l'Assemblée, le projet a le soutien des députés LREM et MoDem pour qui il est "équilibré" et "nécessaire", les UDI-Agir jugeant aussi qu'il va "dans le bon sens".
Le groupe LR, pour qui "+sélection+ n'est pas un gros mot" et peut "rimer avec qualité", a déploré à l'inverse un "manque de vision et un manque de souffle". Cette réforme est "tout sauf sélective" puisqu'elle permet à l'étudiant "d'avoir le dernier mot", a observé Annie Genevard, professeur du secondaire de profession.
A gauche, le texte est aussi fortement critiqué comme instaurant une sélection qui va accentuer "les inégalités".
A l'instar de la communiste Elsa Faucillon, des élus ont estimé que le gouvernement "baisse les bras" face à l'afflux attendu d'étudiants lié à la reprise démographique. Il faudrait davantage de moyens, "entre 500 millions d'euros et un milliard chaque année", selon Régis Juanico (Nouvelle Gauche).
Jean-Luc Mélenchon (LFI), qui fut ministre délégué à l'Enseignement supérieur, a aussi dénoncé un ajustement du "nombre d'étudiants au nombre de places disponibles" alors qu'il faudrait "faire exactement l'inverse". Il avait fustigé en amont une "loi qui barricade l'université" et "prépare une déflagration d'inégalités".
"Certains observent aujourd'hui que le projet de loi masquerait une sélection qui ne dit pas son nom. D'autres regrettent au contraire que la majorité n'ait pas fait le choix de la sélection. Aux débats sémantiques, je préfère les faits: non, notre choix n'est pas de fermer les portes" de l'université, a plaidé de son côté le rapporteur.
Les députés ont engagé dans la soirée les discussions sur le volet phare du texte, l'article 1 qui définit les nouvelles modalités d'affectation dans le supérieur, Communistes et Insoumis tentant en vain de le supprimer.
Seul un amendement MoDem a été adopté pour prévoir "un principe de continuité entre l'enseignement secondaire et le supérieur" en matière d'orientation. 200 amendements restaient à examiner d'ici à jeudi.
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