"Sans une mobilisation beaucoup plus forte, un choc dans nos propres modes de production et de développement, nous (ne) parviendrons pas" à contenir la hausse des températures sous les 2°C, a-t-il déclaré dans une interview au journal Le Monde, deux ans jour pour jour après la signature de l'Accord de Paris a entériné cet objectif de 2°C.
Sur la base des engagements pris par les Etats, la planète se dirige toujours vers +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle, un seuil synonyme de dérèglements qui rendraient de nombreuses régions du monde inhabitables.
Le chef de l'Etat français avait lancé l'idée de ce "One Planet Summit" après l'annonce par Donald Trump du retrait américain du pacte historique de 2015 contre le réchauffement terrestre.
Juste avant la réunion, il a de nouveau interpellé, dans une interview à la chaîne américaine CBS, son homologue américain sur sa "responsabilité face à l'Histoire", tout en se disant "assez certain" qu'il allait "changer d'avis dans les mois ou les années à venir".
"Le défi est immense, nous devons tout faire pour le relever", a insisté de son côté le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama, président de la 23e Conférence de l'ONU sur le climat (COP23) à l'ouverture de la réunion que les autres chefs d'Etat et de gouvernement rejoindront dans l'après-midi.
"Nous savons que c'est la différence entre la vie ou la mort de millions de personnes vulnérables à travers le monde", a-t-il ajouté, soulignant la nécessité d'accélérer "le profond basculement en train de se produire dans les investissements mondiaux".
3.500 milliards par an
Pour atteindre les objectifs de Paris, il faudra des investissements massifs.
"L'Agence internationale de l'Energie estime qu'il faudra en moyenne 3.500 milliards de dollars (d'investissements dans le secteur énergétique) chaque année pendant 30 ans pour contenir l'augmentation des températures à un minimum de 2°C", a souligné le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim il y a quelques jours.
Une soixantaine de chefs d'Etat et de gouvernement sont annoncés sur l'île Seguin, à l'ouest de Paris, dont le Mexicain Enrique Pena Nieto, des présidents africains et de petites îles, ainsi que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres. Mais la Chine, l'Inde ou le Canada, grands émetteurs de gaz à effet de serre, ne doivent être représentés qu'au niveau ministériel.
Et les Etats-Unis, dont le président n'était pas invité, par un chargé d'ambassade. Mais d'autres Américains ont fait le déplacement, comme l'ancien maire de New York Michael Bloomberg, le gouverneur de Californie Jerry Brown, son prédécesseur Arnold Schwarzenegger, le milliardaire Bill Gates.
Le négociateur chinois pour le climat Xie Zhenhua a, lui, souligné l'engagement de son pays contre le réchauffement. "La Chine a accompli un grand nombre de choses, des choses nécessaires pour le développement durable de la Chine", a-t-il déclaré, évoquant les investissements dans les énergies renouvelables et la volonté de "basculer" vers une économie bas-carbone.
Pas une conférence des donateurs
Les pays du Nord ont promis de porter à 100 milliards de dollars par an d'ici 2020 leurs financements climat aux pays du Sud, qui réclament des assurances sur cette promesse, en particulier pour pouvoir s'adapter aux impacts des dérèglements (digues, surélévation des habitats, systèmes d'alerte météo etc).
"La pièce manquante du puzzle est le financement pour aider les pays les plus pauvres à avoir accès à une énergie propre", a commenté Mohamed Adow, de l'ONG Christian Aid.
Mais le sommet de mardi n'est pas une conférence des donateurs, et doit se concentrer sur des "solutions concrètes". Parmi les annonces attendues: des dons de fondations, des coalitions pour la "neutralité carbone" ou contre le charbon et des engagements d'entreprises privées.
L'assureur Axa a par exemple annoncé un désengagement accéléré de l'industrie du charbon, une "importante étape" applaudie par les Amis de la Terre et l'ONG allemande Urgewald qui juge que le Français va "beaucoup plus loin que les autres investisseurs internationaux".
Un groupement de plus de 200 grands investisseurs a de son côté décidé de mettre la pression sur 100 entreprises parmi les plus émettrices de gaz à effet de serre, pour qu'elles adaptent leur modèle à la lutte contre le réchauffement.
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