Mohamed Lamine Aberouz, connu pour sa radicalisation, a été mis en examen pour complicité d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste notamment, et placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet, selon une source judiciaire.
Il a également été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste et complicité de séquestration sans libération volontaire d'un mineur de moins de 15 ans, en l'occurrence l'enfant du couple alors âgé de trois ans et demi et présent lors de l'attaque.
Comme l'a révélé le journal Le Parisien, l'empreinte génétique de cet homme de 24 ans "a été retrouvée sur l'ordinateur" du couple, selon des sources judiciaire et proche de l'enquête.
"A ce stade de la procédure, aucun élément du dossier ne vient pourtant confirmer la présence de M. Aberouz à Magnanville le soir des faits", ont réagi ses avocats Vincent Brengarth et Bruno Vinay dans un communiqué transmis à l'AFP.
Ils ajoutent qu'ils "demanderont le réexamen de cet élément à charge qui se singularise par son caractère extrêmement incertain et qui n'avait pas été découvert lors des premières expertises réalisées en juillet 2016".
La thèse, défendue par les deux avocats, est que "l'ADN a été probablement transporté via le véhicule d'Abballa".
"Il est incontesté qu'ils ont été des amis proches. Aberouz s'était souvent trouvé dans ce véhicule", ont-ils argumenté.
En outre, une source proche du dossier a affirmé que la géolocalisation du téléphone de Mohamed Lamine Aberouz montre qu'il se trouvait "à la mosquée des Mureaux pour le ramadan vers 21h30-22h00, au moment où Abballa est devant l'ordinateur" de ses victimes, le soir des assassinats.
Ce 13 juin 2016, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint du commissariat des Mureaux (Yvelines), et sa compagne Jessica Schneider, 36 ans, agent administratif d'un commissariat voisin, avaient été assassinés à coups de couteau par Abballa, qui avait revendiqué son acte au nom du groupe État islamique (EI) en direct sur les réseaux sociaux.
Le grand frère de Mohamed Lamine Aberouz, prénommé Charaf-Din et âgé de 31 ans, est lui aussi mis en examen dans ce dossier, soupçonné d'avoir fourni une aide logistique à Abballa.
Il a été remis en liberté le 29 septembre 2017, après "des vérifications faites sur les charges qui ont démontré que les indices n'étaient plus pertinents", selon son avocat Me Vinay.
Téléguidé
Le nom du petit frère apparaît dans un autre dossier possiblement en lien avec l'attaque de Magnanville: en septembre 2016, il a été mis en examen dans l'enquête sur le commando de femmes soupçonné d'avoir préparé un attentat à la voiture piégée près de la cathédrale Notre-Dame à Paris.
Alors compagnon de Sarah Hervouët, une des principales suspectes, il avait été mis en examen pour le délit de "non-dénonciation d'un crime terroriste". Il avait été libéré en janvier 2017 après quatre mois de détention provisoire.
En avril, il avait été à nouveau placé en garde à vue, tout comme Sarah Hervouët et la soeur d'Abballa, cette fois dans l'enquête sur Magnanville.
Les liens entre le double assassinat de Magnanville et l'attentat avorté de ce commando de femmes ont été mis en lumière par les enquêteurs via la figure de Rachid Kassim: considéré comme l'un des propagandistes francophones les plus dangereux du groupe Etat islamique (EI), il était en contact avec Abballa et le commando de femmes via la messagerie cryptée Telegram. Il est suspecté d'avoir téléguidé les deux attaques depuis la zone irako-syrienne où il s'était réfugié.
Sarah Hervouët avait auparavant été la "promise" de Larossi Abballa, puis d'Adel Kermiche, l'un des deux jihadistes qui ont tué un prêtre à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, le 26 juillet 2016.
Quant à Kassim, il a vraisemblablement été tué courant février dans un bombardement de la coalition contre l'EI près de Mossoul, en Irak, selon des sources américaines et françaises.
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