Parmi ces militants vent debout contre un rapprochement avec les conservateurs, pour tenter de mettre sur pied un gouvernement, figure Björn Steinborn, militant depuis près de trois décennies dans une section berlinoise du Parti social-démocrate (SPD).
"Je suis contre la grande coalition", assure cet employé de banque de 47 ans, rencontré lors du récent congrès du SPD à Berlin. "Car je ne crois pas qu'elle puisse résoudre les problèmes de notre pays. Nous avons déjà gouverné ces quatre dernières années avec la CDU (l'Union chrétienne-démocrate, le parti d'Angela Merkel), nos points de convergence sont maintenant épuisés", poursuit-il.
- Défiance -
Les délégués du SPD se sont prononcés la semaine dernière pour l'ouverture de discussions avec le camp conservateur, tout en laissant l'issue ouverte: gouvernement commun, soutien à un gouvernement minoritaire d'Angela Merkel sans participation ou nouvelles élections.
Une première rencontre au sommet doit avoir lieu mercredi à Berlin entre la chancelière, son allié bavarois Horst Seehofer et le président du SPD Martin Schulz.
Ce dernier a toutefois fort à faire pour canaliser la défiance de ses militants qui ont distribué des tracts contre une coalition et multiplié les critiques à la tribune lors du congrès.
La jeune génération est tout particulièrement remontée contre la perspective de rester partenaire minoritaire des démocrates-chrétiens.
Cette alliance contre nature "a été très nettement battue le 24 septembre" lors des législatives, juge ainsi Kevin Kühnert, qui dirige les Jusos, les Jeunesses du SPD. Le parti a enregistré son pire score depuis 1949 à cette occasion avec 20,5% des suffrages.
Ce recul "est tout sauf un appel des électeurs à reformer une telle coalition", ajoute-t-il.
Le député social-démocrate Karamba Diaby constate une grande défiance de "nos jeunes" qui ont été "le moteur de la campagne et il sont très déçus", selon lui.
Des militants anti-'GroKo' ont ainsi affiché des petits messages hostiles à l'entrée de la salle où se tenaient le congrès.
"C'est seulement quand il est seul que le SPD est fort!", a écrit un militant. "Dans une 'GroKo' le SPD perd encore plus de son identité" ou "la 'Groko' c'est le clou du cercueil de la social-démocratie", pouvait-on y lire.
Car pour certains, ce n'est ni plus moins l'avenir de ce mouvement, en recul dans toute l'Europe, qui est en jeu.
- Repoussoir français -
"Nous voyons qu'en France, le Parti socialiste est quasiment mort", explique ainsi Michelle Rauschholb, 25 ans, originaire de la région du Rhénanie-Palatinat et également militante dans les "Jusos". "Cela doit nous servir d'exemple", poursuit-elle.
La jeune femme redoute qu'une nouvelle alliance contraigne le SPD à des compromis douloureux qui détournent finalement le parti de son électorat traditionnel.
En près de vingt ans et la victoire de Gerhard Schröder en 1998, le SPD a perdu 20 points. Et pour certains militants son identité.
Le parti a déjà gouverné à deux reprises avec Mme Merkel (2005-2009 et 2013-2017) mais peine à se mettre en valeur comme simple partenaire minoritaire: les réformes impulsées par le SPD, comme l'introduction du salaire minimum, ont surtout profité électoralement à la chancelière.
Dans les pourparlers qui s'engagent mercredi, il est donc "particulièrement important de poser des lignes rouges", en matière sociale ou d'immigration, souligne Michelle Rauschholb.
"Pour nous, l'enjeu n'est pas le pouvoir en lui-même mais les contenus pour parvenir à quelque chose pour notre pays", poursuit Björn Steinborn.
La direction du parti se sait sous surveillance. Car au final, ce sont les militants qui auront le dernier mot.
Une consultation des plus de 430.000 membres du SPD est en effet prévue au cas où leur dirigeant Martin Schulz parviendrait à un accord pour gouverner avec la chancelière.
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