A Beyrouth, plusieurs milliers de partisans du Hezbollah ont défilé dans le sud de la capitale libanaise, bastion du puissant mouvement chiite, allié de l'Iran et ennemi d'Israël et qui se veut l'un des champions de la cause palestinienne. "Jérusalem est à nous", proclamaient de nombreuses pancartes.
A Téhéran, quelques centaines de conservateurs ont brûlé des portraits de Donald Trump et des drapeaux américain et israélien.
Dans les Territoires palestiniens, des dizaines de jeunes, le visage ceint du foulard traditionnel pour beaucoup, ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens à la sortie de Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Les soldats israéliens ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, de projectiles en caoutchouc et, sporadiquement, à balles réelles. Plusieurs jeunes ont été blessés, selon des photographes de l'AFP.
"Nous sommes ici pour protester contre la décision de Trump et pour dire que Jérusalem est, et restera, notre capitale, et que nous y resterons pour la défendre", a déclaré un homme portant une cagoule.
L'armée israélienne a mené en soirée des frappes et des bombardements contre des positions du Hamas dans la bande de Gaza, après deux tirs de roquette en provenance de l'enclave palestinienne contôlée par ce mouvement islamiste.
La seconde roquette a été interceptée par le système israélien de défense anti-missile Iron Dome, selon l'armée.
Les heurts avec les soldats israéliens ont fait 27 blessés, atteints par des projectiles en caoutchouc ou des balles réelles en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a rapporté le Croissant-Rouge.
Au parlement israélien, la tension était également vive, le ministre de la Défense Avigdor Lieberman qualifiant les députés arabes de "criminels de guerre".
Des signes d'essoufflement
Cependant, dans la rue, la protestation, qui a coûté la vie à quatre Palestiniens et fait des centaines de blessés depuis jeudi, donnait des signes d'essoufflement.
En reconnaissant unilatéralement le 6 décembre Jérusalem comme la capitale d'Israël, M. Trump a déclenché des manifestations quotidiennes dans le monde musulman, la colère des dirigeants palestiniens et une réprobation quasiment unanime de la communauté internationale, toujours préoccupée des retombées dans une région en plein tumulte.
Lors d'une visite lundi au Caire, le président russe Vladimir Poutine a critiqué le caractère "déstabilisateur" de la décision de son homologue Donald Trump. Il a appelé à "une reprise immédiate des négociations directes israélo-palestiniennes sur tous les sujets disputés, y compris le statut de Jérusalem".
Se trouvait également dans la capitale égyptienne le président palestinien Mahmoud Abbas qui a rencontré son homologue égyptien Abdel Fattah Al-Sissi.
A l'issue de leur rencontre, M. Sissi a réaffirmé "la nécessité de préserver le statut juridique" de Jérusalem, et l'engagement de son pays à poursuivre son soutien aux Palestiniens pour l'établissement de "leur Etat indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale", selon un communiqué du porte-parole de la présidence Bassam Radi.
La cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Federica Mogherini, qui a reçu plus tôt à Bruxelles le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a répété la position européenne selon laquelle la solution dite à deux Etats, c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien coexistant avec Israël, chacun ayant Jérusalem pour capitale, restait la seule valable pour résoudre le conflit.
Depuis la création d'Israël en 1948, la communauté internationale s'est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale. Elle considère que son statut doit être négocié.
Jérusalem, un sujet passionnel
La décision de M. Trump fait redouter des réactions incontrôlables tant Jérusalem, avec ses lieux saints pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, est un sujet passionnel.
Les Palestiniens représentent environ un tiers d'une population de 882.000 personnes, mais demeurent majoritaires à Jérusalem-Est, annexée par Israël. L'ONU n'a jamais reconnu cette annexion.
"Jérusalem est la capitale d'Israël, personne ne peut le nier", a affirmé M. Netanyahu à Bruxelles. Ce qu'a fait le président Trump "traduit carrément les faits", et tous les pays européens emboîteront le pas, a-t-il assuré.
"Il peut garder ses attentes pour d'autres, parce que du côté des Etats membres de l'Union européenne, ce geste ne viendra pas", a vertement répliqué Mme Mogherini.
Les dirigeants palestiniens cherchent, eux, à rallier la communauté internationale et le monde arabe.
Pour eux, M. Trump, affichant un parti pris outrancièrement pro-israélien, préempte ce qui devrait relever de la négociation.
Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
"Ce qu'il faut maintenant, ce sont des décisions palestiniennes et arabes audacieuses", a dit Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien avant la rencontre de ce dernier avec le président égyptien.
L'Egypte est le premier - et l'un des deux seuls à ce jour - pays arabe à avoir fait la paix avec Israël.
La décision de M. Trump a aussi glacé les relations entre Israël et la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui tente de s'imposer comme le héraut de la cause palestinienne, a reçu lundi le président russe, deux jours avant la tenue en Turquie d'un sommet de l'Organisation de la coopération islamique au sujet de Jérusalem.
Les deux dirigeants ont averti lors d'une conférence de presse que la décision américaine sur Jérusalem risquait d'accroître les tensions au Moyen-Orient.
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