Georges Tron (Les Républicains) et Brigitte Gruel, 60 ans sont tous les deux accusés de viols et agressions sexuelles en réunion sur deux femmes de 20 ans leurs cadettes, Virginie Ettel et Eva Loubrieu. Accusations qu'ils contestent formellement.
Ils seront jugés pendant neuf jours devant les assises de Seine-Saint-Denis, le procès ayant été dépaysé hors de l'Essonne, où il est élu de longue date : maire de Draveil (30.000 habitants) depuis 1995, conseiller départemental LR et ancien député (1993-2010, 2011-2012).
"Je suis sans appréhension et j'espère que (le procès) servira à éclaircir des tas de choses qui auraient dû l'être depuis longtemps", a déclaré à l'AFP l'ancien secrétaire d'Etat à la Fonction publique (2010-2011).
Le scandale avait éclaté peu après la retentissante arrestation à New York de Dominique Strauss-Kahn, alors directeur général du Fonds monétaire international. Le procès de Georges Tron s'ouvre quelques semaines après la déflagration Harry Weinstein et le déferlement de récits de violences sexuelles qui a suivi.
Mai 2011 : Georges Tron, alors secrétaire d'Etat dans le gouvernement Fillon, est accusé par deux anciennes employées municipales.
Elles décrivent des massages sous couvert de réflexologie plantaire, dérapant vers des attouchements et des pénétrations digitales, entre 2007 et 2010. Le tout, disent-elles, avec la participation de l'adjointe à la Culture de l'époque, Brigitte Gruel.
Les plaignantes disent avoir été incapables de s'opposer, tétanisées face à leur employeur.
Georges Tron démissionne le 29 mai. Il clame son innocence et dénonce sans relâche un complot ourdi par ses adversaires d'extrême droite.
"Sordide"
L'affaire arrive aux assises alors que plusieurs magistrats ont estimé qu'il n'y avait pas matière à juger le maire de Draveil et son adjointe.
En 2013, après deux ans et demi d'enquête, deux juges d'instruction d'Evry avaient prononcé un non-lieu. L'année suivante, saisie par les plaignantes, la cour d'appel de Paris avait finalement renvoyé le dossier devant les assises, malgré la demande de non-lieu du parquet général.
"Le fait qu'il y ait des décisions contraires démontre que le renvoi n'a pas été pris à la légère", estime Alexandre-M. Braun, qui représentera Eva Loubrieu avec sa consoeur Eva Touboul.
La cour d'appel avait souligné que cinq autres femmes avaient décrit dans les mêmes termes que les plaignantes les pratiques sexuelles de l'édile, seul ou avec son adjointe.
Elle avait également considéré que les "dénégations absolues" des deux élus "suggèrent une volonté de dissimulation de leurs moeurs qui n'est pas en faveur de leur sincérité". Elle s'était aussi interrogée sur l'existence de "dossiers" constitués sur les deux plaignantes.
Pour Vincent Ollivier, avocat de Virginie Ettel, "on a essayé de les dénigrer", en mettant en doute "leur moralité et leur équilibre psychologique". "La crédibilité des accusés doit aussi être au centre du procès", soutient-il.
Les parties civiles veulent aussi combattre "l'idée fausse que tout le monde se fait de ce dossier", en le réduisant à une histoire de "tripotage de pieds", insiste Alexandre-M. Braun. "C'est pas rigolo, c'est sordide", appuie Me Ollivier.
Brigitte Gruel "conteste formellement les accusations portées à son encontre. Elle réaffirmera son innocence et défendra son honneur", selon son avocat, Frank Natali.
Georges Tron sera défendu par le ténor du barreau Eric Dupond-Moretti et son associé Antoine Vey. Ce dernier souligne qu'ils entendent non seulement "le faire acquitter", mais aussi "dire à l'opinion publique qu'il est innocent sur le plan juridique et moral".
Il dresse un parallèle entre les accusations "fallacieuses" visant l'élu de Draveil et celles qui, au début des années 2000, disaient l'ancien maire de Toulouse Dominique Baudis impliqué dans une sordide affaire de moeurs. Il avait été blanchi.
Le procès doit durer jusqu'au 22 décembre.
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