Vers 23h00 GMT, un des premiers produits financiers permettant de parier sur l'évolution et l'avenir de la monnaie virtuelle et proposé sous le symbole boursier "XBT" par le Chicago board options exchange (Cboe), une des deux plateformes boursières américaines de contrats à terme, a été proposé au prix de 15.000 dollars.
S'en est suivie une forte volatilité et un fort trafic ayant rendu inaccessible le site internet du Cboe dans les vingt premières minutes. L'opérateur boursier a assuré que les échanges n'ont pas été affectés et clôtureront lundi vers 21h15 GMT pour cette première séance.
Vers 03h20 GMT, le bitcoin s'envolait à 17.750 dollars l'unité pour le contrat à terme devant expirer le 17 janvier et dépassait ainsi le plus haut franchi sur des plateformes alternatives sur internet non régulées. Il est même monté dimanche jusqu'à 18.010 dollars.
C'est "assez calme" et "stable", a toutefois déclaré à l'AFP Bob Fitzsimmons, le responsable des contrats à terme chez la maison de courtage Wedbush Securities.
Environ 1.694 contrats avaient changé de mains à 03h20 GMT, selon le Cboe, qui a indiqué que "les échanges se sont déroulés comme prévu".
Les instruments financiers proposés sont la première opportunité officielle pour les investisseurs professionnels d'investir dans le bitcoin, lancé en 2009, dont ils se méfient à cause de son absence de régulation et de son manque de transparence.
Rivaliser avec l'or ?
Le Cboe donne au bitcoin "de la légitimité car il reconnaît que le bitcoin est un actif comme un autre (dollar, euro, pétrole, gaz, soja, NDLR) qu'on peut échanger", ajoute Nick Colas, expert chez Data Trek Research.
La reconnaissance par Wall Street est une première étape dans l'ambition affichée du bitcoin de devenir un actif aussi populaire que l'or auprès du grand public.
Ses défenseurs envisagent de passer à la vitesse supérieure en demandant à la SEC, le gendarme de la Bourse américain, d'autoriser la création d'un ETF en bitcoin, une sorte de placement financier ou d'épargne financière dans lequel Madame et Monsieur Tout-Le-Monde pourront placer leurs économies. La valeur de ce type d'épargne financière dépendra de la performance du bitcoin.
La SEC s'est refusée jusqu'ici à accéder à une telle demande, expliquant qu'il y a un manque de transparence dans la fixation du prix du bitcoin et que ce dernier peut être facilement manipulé.
Les premiers échanges sur un marché financier ayant pignon sur rue devraient apaiser les craintes de bulle et apporter à terme une certaine stabilité à la monnaie virtuelle, espèrent les traders professionnels.
Le Cboe indique avoir mis des garde-fous pour éviter des fluctuations folles: il suspendra par exemple les échanges pendant deux minutes si les prix des produits augmentent ou chutent soudain de 10%. L'arrêt sera de cinq minutes si les mouvements à la hausse ou à la baisse atteignent 20%.
Inquiétudes
Malgré ces assurances, nombreux sont les experts qui mettent en garde sur une possible manipulation des échanges.
"Nous demeurons inquiets sur l'absence de transparence et de régulation" du bitcoin et "nous demandons si les échanges vont être contrôlés de façon appropriée afin de s'assurer que le (bitcoin) n'est pas objet de manipulation et de fraude", écrit la FIA, association regroupant les grandes banques faisant l'interface entre investisseurs sur le marchés des contrats à terme.
En conséquence, JPMorgan, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et Barclays ne jouaient pas les intermédiaires dimanche pour leurs clients voulant investir dans les produits bitcoin, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
Seules Goldman Sachs et ABN Amro ont accepté de jouer les interfaces pour un nombre de clients triés sur le volet afin de minimiser les risques attachés à la volatilité du bitcoin, ont-elles fait savoir à l'AFP.
Pour éviter de mauvaises surprises, il était demandé aux participants dimanche de disposer d'au moins 44% de la somme misée en dollars, selon le Cboe. D'ordinaire, les traders doivent disposer de 10% des sommes misées.
Le marché des contrats à terme n'est accessible que via de grandes banques et maisons de courtage agréées, qui s'engagent à régler en dollars aux investisseurs l'argent qui leur est dû. Elles s'exposent à des risques importants si leurs clients ne peuvent payer.
Le CME (Chicago Mercantile Exchange), autre opérateur boursier mondial, compte lancer des échanges de produits en bitcoins le 18 décembre et devrait être suivi en 2018 par le Nasdaq, la plateforme des géants de la Silicon Valley tels Google et Facebook.
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