Vers 23H00 GMT, le Chicago board options exchange (Cboe), une des deux plateformes boursières américaines de contrats à terme, doit donner le coup d'envoi à des échanges d'instruments financiers permettant de prévoir aujourd'hui à quel prix on achètera le bitcoin dans un certain temps, et donc de parier sur son évolution.
"C'est l'équivalent de ce que serait le tout premier trajet en Uber ou Lyft ou la toute première location d'appartement via Airbnb", résume Bob Fitzsimmons, responsable des contrats à terme chez Wedbusch Securities.
Le Cboe donne au bitcoin "de la légitimité car il reconnaît que le bitcoin est un actif comme un autre (dollar, euro, pétrole, gaz, soja, NDLR) qu'on peut échanger", ajoute Nick Colas, expert chez Data Trek Research.
Le bitcoin, dont l'émission a commencé en 2009 et qui a flambé cette semaine au point de dépasser les 17.000 dollars l'unité en anticipation de la reconnaissance du Cboe, s'échangeait jusqu'ici essentiellement sur internet sans être régulé. Cette absence de contrôle en a fait un actif prisé des malfrats et autres trafiquants souhaitant blanchir de l'argent sale.
Pas de champagne
Les échanges seront électroniques. Aucune cérémonie n'est prévue comme c'est pourtant souvent le cas à Wall Street pour le baptême du feu boursier d'une entreprise avec la sonnerie de la cloche marquant le début des échanges. Il n'y aura ni acclamations, ni effusions ni ouverture de bouteille de champagne, indique-t-on auprès du Cboe.
"Ce sera dans le calme. Il n'y aura pas beaucoup de monde dans les bureaux", affirme à l'AFP une source interne.
Sans existence physique, le bitcoin s'appuie sur un système de paiement de pair-à-pair basé sur la technologie dite "blockchain" ou "chaîne de blocs".
Il divise économistes, grands argentiers et financiers mais a trouvé une caisse de résonance dans des pays exclus du système financier américain tel le Venezuela ou à forte inflation et déflation.
Cet engouement a essaimé récemment dans les pays occidentaux où les actions des entreprises cotées en Bourse sont hors de prix, ce qui pousse certains investisseurs et petits épargnants à trouver d'autres produits financiers pour placer leur argent.
Il n'empêche que c'est une "escroquerie", dénonce Jamie Dimon, PDG de la banque américaine JPMorgan Chase. Une "bulle spéculative" susceptible d'"imploser" pour les prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz et Jean Tirolle.
Ces mises en garde vont se traduire par l'absence dimanche d'un grand nombre de banques, qui ont décidé pour le moment de ne pas jouer les intermédiaires pour leurs clients (sociétés d'investissements, de capital-investissement, etc) voulant investir dans les produits bitcoin, ont indiqué à l'AFP des sources proches du dossier.
C'est le cas de JPMorgan, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et Barclays. Morgan Stanley et Société Générale étudient encore la question, selon des sources distinctes.
Seules Goldman Sachs et ABN Amro ont accepté de jouer les interfaces pour un nombre de clients triés sur le volet afin de minimiser les risques attachés à la volatilité du bitcoin, ont-elles fait savoir à l'AFP. Elles seront accompagnées de petites firmes telles Interactive Brokers et Wedbush Securities.
Risques
Le marché des contrats à terme n'est accessible que via des grandes banques et maisons de courtage agréées, qui s'engagent à régler en dollars aux investisseurs l'argent qui leur est dû. Elles s'exposent à des risques importants si leurs clients ne peuvent payer.
Pour éviter de mauvaises surprises, Wedbush Securities a décidé d'augmenter les marges et les dépôts de garantie exigés de ses clients.
"Nous nous sommes assurés que nos clients et notre firme sont protégés", affirme M. Fitzsimmons.
Outre le Cboe, le CME (Chicago Mercantile Exchange), autre opérateur boursier mondial, compte lancer des échanges de produits bitcoins le 18 décembre et devrait être suivi en 2018 par le Nasdaq, la plateforme des géants de la Silicon Valley tels Google et Facebook.
L'attrait pour le bitcoin est tel que des pirates informatiques ont dérobé récemment pour près de 60 millions de dollars de bitcoins à la plateforme slovène NiceHash.
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