Un succès - assorti d'un nouveau record du monde avec 202,16 points - qui résonne comme un signal fort dans la course à l'or olympique.
Car jusque-là, Virtue (28 ans) et Moir (30 ans), champions olympiques 2010 et vice-champions olympiques 2014, avaient toujours résisté aux jeunes Français depuis qu'ils étaient sortis de leur retraite l'hiver dernier. Leurs trois confrontations directes s'étaient soldées par trois revers des triples champions d'Europe en titre.
Les premiers indices d'une inversion du rapport de force entre les deux duos ont jalonné le début de l'hiver. Par Grand Prix interposés, Papadakis (22 ans) et Cizeron (23 ans) ont avancé leurs pions: ils sont devenus les premiers - les seuls à ce jour - à franchir la barre des 200 points et ont battu à deux reprises le record du monde (200,43 en Chine, 201,98 à Grenoble).
Oubliée la fébrilité devinée la saison passée: le tournant s'est concrétisé jeudi, quand les danseurs français se sont installés aux commandes dès la danse courte, celle dans laquelle Virtue et Moir avaient pris l'habitude de les distancer.
'Grande victoire'
"Battre Tessa et Scott en danse courte alors qu'ils avaient toujours été très nettement battus, c'était déjà une très grande victoire pour Gabriella et Guillaume", confirme à l'AFP leur entraîneur Romain Haguenauer.
"Cinq dixièmes d'avance (82,07 contre 81,53), ça ne paraît pas beaucoup mais par rapport à d'où ils reviennent, c'est énorme", insiste-t-il. On se souvient à titre d'exemple que le fossé avaient atteint plus de cinq points aux Mondiaux-2017, où les Canadiens les avaient dépossédés de leur couronne planétaire.
En danse libre samedi, Papadakis et Cizeron ont une nouvelle fois fait parler leur magie et leur poésie sur la Sonate au Clair de lune de Beethoven (120,09 contre 118,33). Et accentué au passage l'écart avec Virtue et Moir, repoussés à 2,3 points.
"Il y avait beaucoup de pression ici, avec les six meilleurs couples en compétition. On est très heureux d'avoir été capable de gérer cette pression, se félicite Papadakis. C'était un bon entraînement pour les jeux Olympiques qui arrivent."
"Ils ont été capables de délivrer deux excellentes performances à un moment crucial, une répétition à petite échelle de la prochaine et ultime confrontation entre les deux couples (aux JO-2018), ça montre que la digestion de ce qui s'est passé l'an passé a été bien faite. C'est une grande satisfaction", estime Haguenauer.
Rendez-vous désormais à Pyeongchang (Corée du Sud). Où le tandem canadien aura soif de revanche.
Zagitova, 15 ans et déjà grande
"On n'aime pas ne pas gagner", reconnaît Moir. "On a une saison extrêmement réussie jusque-là. On doit simplement continuer à travailler sur les détails, faire de légers ajustements pour que nos programmes soient à leur meilleur en février", explique Virtue.
Un autre Français est monté sur la plus haute marche du podium, mais sous bannière allemande: Bruno Massot et la quintuple championne du monde Aljona Savchenko se sont imposés en couples (236,68).
Dans la catégorie dames, la toute jeune Russe Alina Zagitova a elle confirmé son entrée fracassante dans la cour des grands en s'offrant le prestigieux événement, à quinze ans seulement (223,30). Pour son premier hiver en seniors, la championne du monde juniors en titre avait déjà raflé ses deux premiers Grand Prix.
Même en l'absence de la reine Evgenia Medvedeva, invaincue depuis deux ans mais touchée au pied droit, la Russie a signé un doublé avec Maria Sotskova (216,28). Mais le sort individuel pour les JO-2018 de ses patineuses - comme de tous ses sportifs - est entre les mains du CIO.
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