Si quelque 100.000 jeunes sortent encore chaque année du système éducatif français sans aucun diplôme, le décrochage scolaire recule nettement en France, comme en Europe, depuis la fin des années 2000. C'est le constat du Conseil national d'évaluation du système scolaire (Cnesco), qui a analysé différents indicateurs.
Ainsi, le taux annuel de sortants français sans diplôme (en ne tenant pas compte du brevet, passé en fin de classe de 3ème), a baissé de 3 points entre 2011 et 2015, pour atteindre 13%.
Autre indicateur: la part des jeunes de 18 à 24 ans n'ayant pas suivi de formation au cours des quatre dernières semaines et n'étant pas diplômés est elle aussi en diminution (12,8% en 2007, 8,8% en 2016).
C'est une "bonne nouvelle", a commenté la présidente de cette instance indépendante d'évaluation, Nathalie Mons.
Mais les jeunes "décrocheurs" restent encore nombreux. Et rencontrent généralement de graves difficultés d'insertion professionnelle.
En outre, le décrochage coûte cher à la société: selon la Cour des comptes, il absorbe 35% des financements publics en faveur des jeunes de 16 à 25 ans.
Plusieurs facteurs le favorisent, "les difficultés précoces d'apprentissage" étant le plus important, selon Pierre-Yves Bernard, maître de conférence en sciences de l'éducation à Rennes.
D'autres éléments entrent en jeu, comme le milieu social, le climat de l'école "plus ou moins favorable au bien-être des élèves", la non-mixité sociale des élèves dans un établissement...
Le sexe apparaît aussi comme une caractéristique déterminante: en France, 10,1% des garçons de 18 à 24 ans sortent précocement du système scolaire, contre 7,5% des filles.
"Sentiment d'appartenance"
Plusieurs enquêtes analysées par le Cnesco indiquent "un lien extrêmement fort entre le taux d'absentéisme à l'école" et le décrochage.
Ainsi, selon une étude menée aux Etats-Unis, les élèves qui décrochent au lycée ont en moyenne 16 fois plus d'absences au collège que leurs camarades qui sont allés jusqu'au diplôme, et 33 fois plus au lycée.
Les enquêtes soulignent sur ce point l'impact de l'environnement scolaire: dans un établissement où l'absentéisme est élevé, le jeune court 1,5 fois plus le risque de "sécher" les cours.
Pour lutter contre le décrochage, les politiques publiques se sont beaucoup attachées à trouver des solutions aux jeunes ayant déjà décroché, via les missions locales pour l'insertion des jeunes, devenues les principaux lieux d'accueil de la jeunesse en difficulté, ou les écoles de la seconde chance.
"Il existe un mille-feuilles de dispositifs, il est temps d'en faire une analyse rigoureuse", plaide Nathalie Mons. "Il faut pouvoir proposer des solutions au plus vite à un jeune sorti du système, les délais sont parfois très longs".
Depuis une dizaines d'années, se développent aussi des politiques de prévention et d'intervention, pour aider les jeunes dès qu'apparaissent les premiers signes d'un possible décrochage et "traiter à la racine les problèmes qui pourraient entraîner un abandon précoce". "Il faut aujourd'hui mettre l'accent sur ces politiques", préconise le Cnesco.
L'organisme recommande notamment de donner les moyens aux établissements "à risque" d'identifier les premiers signaux, et d'impliquer les familles dès qu'ils se manifestent.
"Chaque établissement doit travailler à favoriser un bon climat scolaire, qui renforce le sentiment d'appartenance du jeune", et permet de diminuer significativement le risque d'absentéisme, prône aussi Pierre-Yves Bernard.
Or en France, seuls 40% des élèves français déclarent un sentiment d'appartenance à leur établissement, contre 73% en moyenne pour les pays de l'OCDE.
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