Preuve de sa capacité à tenir sa parole et à rompre avec l'orthodoxie de Washington, se réjouit sa base. A la hâte, à n'importe quel prix et au risque d'isoler de manière durable les Etats-Unis sur la scène internationale, tonnent ses détracteurs.
En annonçant sa décision de reconnaître officiellement Jérusalem comme la capitale d'Israël, Donald Trump a suscité une onde de choc à travers le monde. Mais loin de considérations diplomatiques ou géo-stratégiques, cette annonce spectaculaire s'explique d'abord par des raisons politiques.
"D'autres présidents ont fait cette promesse de campagne majeure et l'ont oubliée une fois au pouvoir. Aujourd'hui, moi, je la tiens".
Dès les premières lignes de son discours, l'ancien homme affaires de New York a tenu à se positionner par rapport à ses prédécesseurs, démocrates comme républicains.
Faisant allusion au passage à leur "manque de courage", il donne sans les nommer un coup de griffe à Bill Clinton et George W. Bush qui s'étaient, de fait, avancés sur ce dossier avant de faire machine arrière.
Même si le transfert effectif de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Avis à Jérusalem pourrait prendre des années, le président septuagénaire savait que l'annonce-choc résonnerait fort avec une partie de sa base.
La Republican Jewish Coalition s'est payée une pleine page dans le New York Times pour saluer son "courage". "Président Trump. Vous avez promis. Vous avez agi".
Ted Cruz, sénateur ultra-conservateur du Texas, a salué "avec enthousiasme" la décision "courageuse et historique" de Donald Trump. Le champion de la droite religieuse, qui constitue un solide socle électoral trumpiste, a parlé "d'une journée qui sera gravée à jamais dans les livres comme un des grands moments de l'histoire".
'Pacte sacro-saint'
"Donald Trump voit son pacte avec sa base comme sacro-saint", explique Larry Sabato, professeur à la University of Virginia, rappelant que son noyau dur "adore toute ce qu'il fait".
Ses annonces spectaculaires, qui suscitent immanquablement une avalanche de réactions outrées, sont aussi un écran qui masque son maigre bilan sur la scène internationale, un an après son arrivée au pouvoir.
De fait, s'il a beaucoup déconstruit ce qu'avaient entrepris ses prédécesseurs, en particulier le dernier d'entre eux Barack Obama, il a lancé peu d'initiatives nouvelles.
Quelques jours après son arrivée au pouvoir, le 20 janvier, il met à terre le traité de libre-échange Asie Pacifique âprement négocié par 12 pays de la région. Or à l'issue d'un long voyage en Asie qui l'a mené dans cinq pays, difficile de distinguer les lignes directrices de sa politique avec cette région du monde.
Sur l'accord de Paris sur le climat, là où nombre d'observateurs pariaient sur une solution de compromis, il tranche dans le vif et se retire de ce texte signé par 195 pays, au nom de ceux qui l'ont porté au pouvoir sur un message résolument climato-sceptique.
L'Amérique se retrouve complètement seule ? Donald Trump jubile, en rajoute: "J'ai été élu pour représenter les habitants de Pittsburgh, pas de Paris!".
Parfois, il trouve un arrangement pour donner le change tout en prêtant l'oreille à ceux de son équipe qui l'encouragent à faire preuve de plus de nuance.
Il n'a pas "déchiré" l'accord sur le nucléaire iranien, comme il l'avait promis, mais en menaçant d'y mettre fin "à tout moment" et en renvoyant la balle dans le camp du Congrès, il a ouvert une période d'immense incertitude.
Pour le chroniqueur du New York Times Tom Friedman, l'explication de cette série de décisions qui modifient la place de l'Amérique dans le jeu diplomatique mondial réside avant tout dans le fait que Donald Trump "ne se voit pas comme le président des Etats-Unis mais comme le président de sa base".
"Comme c'est le seul soutien qu'il lui reste, il ressent le besoin de la nourrir en tenant les promesses brutes et mal ficelées lancées durant la campagne".
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