Habillés de bois ou de bakélite, les TSF des années 30 à 60 prennent souvent la poussière dans les greniers, quand ils ne finissent pas à la déchetterie. Mais Arthur Verne les rachète à tour de bras dans les brocantes, les foires et sur internet depuis qu'il a fondé en 2015 la société "A.bsolument Vintage Radios", après avoir transformé un vieux poste de famille en enceinte sans fil.
Quand son père lui offre l'appareil en 2011, il le refuse d'abord car il prend trop de place dans son appartement pour "un simple objet de décoration". Mais après un peu de bricolage, "magie! Je pouvais écouter ma playlist sur la radio de mon grand-père", se souvient le Clermontois de 26 ans.
Il quitte alors son travail dans l'événementiel pour se lancer dans l'aventure.
"On ne détruit pas l'intérieur de la radio, qui garde ainsi toute sa valeur. Le seul composant ancien que nous enlevons, c'est le haut-parleur. On intègre délicatement, dans l'espace restant, un amplificateur analogique, un nouveau potentiomètre et une carte Bluetooth pour pouvoir relier son smartphone", explique l'entrepreneur.
Et l'acoustique dans tout ça ? "Chaque radio modernisée conserve une sonorité +vintage+ et permet d'écouter toutes les musiques modernes. Mais plus la caisse de résonance est importante, plus le son sera de qualité", souligne cet amateur de jazz et de musique classique.
Côté esthétique, les radios, de style art déco pour les plus datées, sont nettoyées et lustrées. Elles peuvent même être confiées sur demande à un ébéniste pour retrouver leur lustre d'antan, "même si la plupart des clients les préfèrent avec les stigmates du passé".
'Pas d'obsolescence programmée'
Son coeur de cible: une clientèle citadine entre 25 et 40 ans mais aussi le particulier qui souhaite faire retaper l'objet de famille. Il en vend aujourd'hui une cinquantaine par mois, de 400 à 1.000 euros pièce.
"Contrairement à une radio moderne, il n'y a pas d'obsolescence programmée. Cette radio sera là dans encore 20, 30 ans et pourra encore évoluer avec les technologies de demain. On peut l'entretenir et la léguer à ses enfants", souligne le Clermontois qui sous-traite une partie de l'activité à Activ'Adis, un établissement qui emploie des salariés en situation de handicap, auxquels il reverse environ 20% du prix.
Désosser, souder, assembler les différents composants, c'est le travail de Sylvain Mahé, un ancien orthopédiste qui a dû changer de travail après une accident de la route. "Chaque radio est un nouveau casse-tête qu'on doit résoudre. C'est un travail très stimulant avec son lot de surprises, des toiles d'araignée, des crottes de souris...", s'amuse le technicien en préparant avec dextérité une commande pour Hong-Kong.
Car outre les "corners" de grands magasins parisiens et la vingtaine de boutiques en France présentant les produits, la société travaille de plus en plus avec l'Asie (Chine, Corée du Sud, Japon).
"Il y a là-bas un engouement pour les vieilles radios, vues comme un objet symbole du patrimoine français qui renvoie aux messages codés de la Seconde guerre mondiale et aux vieilles chansons", explique Arthur Verne.
Un marché de niche qui ne semble pas près de s'épuiser: "on estime que 9 familles sur 10 en France possédaient une TSF. Il y a encore de la matière", se réjouit-il.
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