Réunis en congrès à Berlin jusqu'à samedi, quelque 600 délégués du Parti social-démocrate (SPD) diront par un vote prévu dans l'après-midi s'ils acceptent d'ouvrir des pourparlers avec les conservateurs, toujours en quête d'alliés pour sortir l'Allemagne de l'impasse politique actuelle qui la prive de gouvernement.
Affaiblis par un score historiquement bas aux élections législatives du 24 septembre, les sociaux-démocrates se montrent divisés.
La direction du parti, au nom de l'intérêt supérieur du pays, veut discuter avec Mme Merkel mais sans enthousiasme. Mais certains se verraient plutôt faire une cure d'opposition pour ressourcer un parti secoué par une crise qui traverse l'ensemble de la social-démocratie en Europe.
'Prendre nos responsabilités'
Au fond, "personne ne veut vraiment d'une nouvelle +grande coalition+", résume l'un des cadres du parti, Johannes Kahrs. "Mais dans la situation actuelle (...) il s'agit de prendre nos responsabilités ce qui signifie que nous devons au moins discuter" avec les conservateurs.
Mais même s'ils décident d'entamer des discussions avec l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et son allié bavarois CSU, la mise sur pied d'un quatrième gouvernement dirigé par Angela Merkel devrait prendre encore de longs mois.
Pour l'une des figures importantes du SPD, le maire de Hambourg (nord), Olaf Scholz, elle ne devrait pas intervenir "avant le printemps".
En tout état de cause, d'éventuelles discussions entre sociaux-démocrates et conservateurs n'entreront pas dans le vif du sujet avant janvier.
Le président du SPD, Martin Schulz, après avoir été opposé à l'idée d'une nouvelle "grande coalition", souhaite obtenir le feu vert de ses cadres pour discuter avec la chancelière.
Mais lui-même reste prudent sur l'issue possible de tractations avec le camp conservateur. Leur résultat éventuel sera d'ailleurs soumis à un vote des militants.
Le SPD pourrait ainsi choisir d'entrer dans une nouvelle alliance avec la CDU et la CSU comme il l'a déjà fait à deux reprises sous Mme Merkel (2005-2009, 2013-2017).
Gouvernement minoritaire
Ou il pourrait choisir de soutenir un gouvernement conservateur minoritaire. Cette option a été jusqu'ici rejetée par Angela Merkel qui veut une majorité stable pour gouverner, mais l'alternative serait alors des législatives anticipées.
Et selon un sondage pour l'hebdomadaire der Spiegel, 56,5% des militants sociaux-démocrates se prononcent pour un soutien à un gouvernement minoritaire et seulement 27,9% veulent une alliance avec les conservateurs.
Si au final aucun compromis n'est trouvé, les Allemands devront retourner aux urnes, un scénario sans précédent depuis la fondation après-guerre de la république fédérale.
"C'est pourquoi nous nous sentons le devoir d'explorer dans des discussions si et sous quelle forme le SPD peut soutenir un nouveau gouvernement", affirme la motion de quatre pages qui sera soumise au vote des délégués SPD.
Les sociaux-démocrates ont d'ores et déjà fixé les thèmes qu'ils jugent essentiels pour participer ou soutenir un gouvernement Merkel, à commencer par une réforme de fond de l'Europe, qui doit devenir "démocratique, solidaire et sociale".
Le SPD soutient activement les positions du président français Emmanuel Macron, qui souhaite la création d'un budget de la zone euro. Les conservateurs se montrent plus dubitatifs.
Le chef de l'Etat français est allé jusqu'à appeler Martin Schulz pour l'encourager à s'allier avec les conservateurs.
Les sociaux-démocrates demandent aussi une couverture médicale universelle afin de réduire les inégalités dans le pays face à l'assurance-maladie.
Un conflit se dessine aussi entre le SPD et les conservateurs sur la politique migratoire, sujet sensible à l'origine de l'échec de la précédente tentative de formation de gouvernement avec les Libéraux et les écologistes.
Martin Schulz, propulsé en début d'année à la tête du parti, devrait en outre être réélu à la présidence au cours du congrès.
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