"Nous n'avons vu aucun texte (d'accord) malgré nos demandes depuis cinq semaines", a affirmé sa cheffe Arlene Foster sur la télévision publique irlandaise RTE.
Cet accord, qui semblait imminent lundi, prévoyait un rapprochement des réglementations de la province britannique d'Irlande du Nord avec celles de sa voisine la République d'Irlande après le Brexit, afin d'éviter la réintroduction d'une frontière physique pour contrôler les mouvements des biens et des personnes, selon des fuites dans les médias.
Cette frontière avait disparu après l'Accord de paix de 1998 qui avait mis fin à 30 ans d'affrontements sanglants entre nationalistes et unionistes nord-irlandais.
"Dès que nous avons vu le texte, nous avons bien sûr compris que ce n'était pas acceptable", a dit Mme Foster, soulignant que jamais son parti n'approuverait "une situation où l'Irlande du Nord serait différente du reste du Royaume-Uni".
Or Theresa May, dont le Parti conservateur a hérité d'une majorité parlementaire très fragile aux législatives du mois de juin, ne peut se passer du soutien du DUP, qu'elle a déjà monnayé contre un milliard de livres d'investissements en Irlande du Nord.
"Il y a des risques que le DUP retire son soutien et les conservateurs ne peuvent se le permettre au vu des derniers sondages", estime Jon Tonge, professeur de sciences politiques à l'université de Liverpool.
'Peut-être demain, peut-être après-demain'
Les deux dirigeantes devaient se parler mardi en début de soirée afin que Theresa May puisse se rendre à Bruxelles avec une nouvelle proposition.
Le temps presse avant le sommet européen des 14 et 15 décembre qui doit décider de passer ou non à la seconde phase des négociations, sur la future relation commerciale entre le Royaume-Uni et l'Union européenne.
"Je rencontrerai la Première ministre (britannique) cette semaine, peut-être demain, peut-être après-demain, pas vendredi ou samedi car je ne serai pas là, peut-être dimanche", a déclaré mardi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui s'était montré optimiste la veille affirmant qu'un accord lui semblait encore possible "dans le courant de la semaine".
Le ministre des Finances de Mme May, Philip Hammond, a aussi tenté d'insuffler de l'optimisme, se disant "très confiant" en arrivant à Bruxelles mardi pour une réunion des ministres des Finances de l'UE.
Le ministre britannique chargé du Brexit, David Davis, a assuré devant les députés britanniques que "des progrès ont été faits" et que "nous sommes maintenant proches de conclure la première phase des négociations et de commencer à parler des futurs accords commerciaux".
"Nous voulons nous assurer qu'il n'y aura pas de frontière physique entre l'Irlande et l'Irlande du nord", a-t-il ajouté. Mais "nous devons respecter l'intégrité du Royaume-Uni", a-t-il déclaré dans le même temps, sans préciser comment Londres, qui veut quitter le marché unique européen et l'union douanière, compte concilier les deux.
Le revers essuyé lundi par Theresa May a provoqué la colère de l'opposition travailliste, qui l'a qualifié de "honte" par la voix de son référent en matière de Brexit, Keir Starmer. Ce dernier a également dénoncé les "dangereuses lignes rouges" du gouvernement sur le marché unique.
L'ambassadeur irlandais à Londres, Adrian O'Neill, a estimé que la question serait réglée si le Royaume-Uni décidait de rester dans l'union douanière, et mis en garde contre "le temps qui file" pour tomber d'accord, alors que la sortie du Royaume-Uni de l'UE est programmée le 29 mars 2019.
La question de la frontière irlandaise est l'un des trois domaines, avec la facture du divorce et le statut des citoyens de l'UE, dans lequel des "progrès suffisants" sont attendus avant d'ouvrir une seconde phase des négociations portant sur les futures relations commerciales qu'il tarde à Londres de démarrer.
Parmi les points d'achoppements reste aussi le rôle que jouera la Cour de justice de l'UE pour garantir les droits des citoyens européens sur le sol britannique après le Brexit.
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