Le visage juvénile de la jihadiste de 27 ans, Margaux D., était apparu début octobre au grand public français lors de la diffusion d'un reportage sur France 2 où elle confiait sa volonté de rentrer en France pour y être jugée, avec ses trois enfants dont deux nés en Syrie.
Ses parents ont été interpellés mardi matin aux Sables-d'Olonne (Vendée) et à Nantes (Loire-Atlantique) par des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), selon une source proche du dossier.
Ils sont soupçonnés de lui avoir envoyé "plusieurs milliers d'euros", alors qu'elle se trouvait en Syrie, a-t-elle précisé, confirmant une information de TF1/LCI.
Plusieurs proches de jihadistes qui leur avaient fait parvenir de l'argent en Syrie ou en Irak ont été condamnés ces dernières années à des peines de prison, ferme ou avec sursis, notamment pour participation à des collectes de fonds destinés "au financement du terrorisme".
Les arrestations de mardi ont eu lieu dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte fin 2016 contre Margaux D. pour association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme, a précisé une source judiciaire.
Visée par un mandat d'arrêt d'un juge d'instruction, la jeune femme a été arrêtée mi-octobre à Raqa (Syrie) lorsque les forces kurdes, soutenues par une coalition occidentale à laquelle participe la France, ont repris au groupe État Islamique (EI) cette ville dont il avait fait sa capitale.
Margaux D. était selon les reporters de l'émission Envoyé Spécial, qui l'ont rencontrée pour France 2 dans le nord-est de la Syrie, une des première Françaises à être arrivée dans le pays à l'été 2013, avec sa fille née en France et âgée de 18 mois à l'époque.
En janvier dernier, elle a été condamnée à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Nantes pour soustraction et non-présentation d'enfant.
Vie 'normale' à Raqa
Convertie à l'islam en France, elle a expliqué sur France 2 avoir gagné le territoire de l'EI en Syrie pour "pouvoir vivre (sa) religion à (son) aise" et parce que l'EI se présentait comme le défenseurs de gens opprimés, pas pour "rejoindre des gens qui versent le sang des autres".
Mariée plusieurs fois à des jihadistes français morts au combat, elle est aujourd'hui détenue avec sa fille aînée, aujourd'hui âgées de 6 ans, et de ses deux autres enfants nés en Syrie, un fils de 3 ans et son bébé de 5 mois, selon France 2.
Vêtue d'une longue tunique traditionnelle noire, elle y a raconté n'avoir pas combattu et avoir mené pendant toutes ces années à Raqa une vie "normale", et démenti toute adhésion personnelle aux actes violents de l'EI, et notamment aux sanglants attentats de novembre 2015 à Paris (130 morts).
Sur les 1.700 Français partis en Irak et en Syrie depuis 2013, 178 hommes, 66 femmes et 58 enfants sont revenus en France. Les adultes y font systématiquement l'objet d'une procédure judiciaire, et les enfants au minimum d'un suivi judiciaire ou éducatif.
Plusieurs centaines d'adultes et plusieurs centaines d'enfants français seraient encore dans la zone, comme Margaux D. et ses trois enfants. A France 2, la jeune femme a déclaré vouloir revenir en France, et s'être "préparée depuis longtemps" à y être jugée et emprisonnée.
Mais dans un pays toujours marqué du souvenir des attentats de 2015, en partie perpétrés par des "revenants" de Syrie, le gouvernement semble osciller entre réticence et extrême prudence sur ce sujet très sensible. Emmanuel Macron a début novembre indiqué que le sort des femmes et enfants serait examiné au "cas par cas, en fonction des situations".
Le gouvernement estime que les jihadistes français prisonniers en Irak doivent y être jugés. Il est plus flou sur la Syrie, où se trouvaient jusqu'à cette année, selon des sources concordantes, la plupart des femmes et enfants français de jihadistes de l'EI.
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