Les 538 bureaux de vote ont ouvert à 08H00 et le resteront jusqu'à 18H00 avec des résultats attendus en milieu de soirée.
"J'attends des nouveautés, que la Corse bouge un peu", a confié à l'AFP Patrice Nassibian, un restaurateur de 64 ans et l'un des tout premiers électeurs à voter au bureau de vote numéro 1 d'Ajaccio, installé dans la mairie.
Sept listes sont en lice pour ce premier tour. Le second aura lieu dimanche 10 décembre.
Les précédentes élections territoriales, en décembre 2015, avaient débouché sur la victoire historique de la coalition nationaliste des autonomistes de Gilles Simeoni et des indépendantistes de Jean-Guy Talamoni qui avait obtenu 35,34% au second tour. Cette coalition, Pè a Corsica (Pour la Corse), formée dès le premier tour cette année, fait à nouveau figure de favorite.
L'accord de mandature entre le parti de Gilles Simeoni, Femu a Corsica (Faisons la Corse), et celui de Jean-Guy Talamoni, Corsica Libera (Corse libre), écarte l'idée de l'indépendance, ce qui a pu rassurer l'électorat. Il vise l'obtention d'un véritable statut d'autonomie dans les trois ans et sa mise en oeuvre effective dans les dix ans.
Vendredi, Jean-Guy Talamoni a martelé sur RTL qu'il n'y avait "personne parmi les nationalistes qui réclamait un scrutin d'indépendance dans les dix ans qui viennent".
Gilles Simeoni, président sortant du conseil exécutif de Corse, pense la coalition Pè a Corsica capable de séduire largement l'électorat corse. "Depuis deux ans, nous avons élargi notre électorat au-delà de la famille nationaliste, comme l'a montrée l'élection cette année de trois députés de notre mouvement" sur les quatre que compte l'île, a-t-il assuré cette semaine.
Pour le chercheur Thierry Dominici, sociologue spécialiste de la Corse à l'Université de Bordeaux, les nationalistes sortants sont "tellement sûrs de gagner qu'ils ont fait à peine campagne. Ils sont déjà sur une logique de second tour".
Le spectre de l'indépendance
Certains nationalistes déçus de ces deux années de mandature, cherchant une ligne plus dure, pourraient se tourner vers le parti indépendantiste U Rinnovu. Mené par Paul-Felix Benedetti, il n'avait pas atteint les 3% de suffrages en 2015 mais espère cette fois mobiliser, notamment la jeunesse militante, pour dépasser les 5% et ainsi pouvoir fusionner avec une autre liste au second tour. Toute liste dépassant les 7% peut se maintenir au second tour.
Sur fond de crise catalane, les cinq autres listes ont toutes agité, pendant cette courte campagne, le spectre de l'indépendance.
Deux listes de droite, emmenées par Jean-Martin Mondoloni (droite régionaliste) et Valérie Bozzi (soutenue par le parti Les Républicains LR), pourraient s'unir pour le second tour. "Des contacts seront pris dimanche soir", a annoncé M. Mondoloni cette semaine dans Corse-Matin.
Du côté de La République en Marche, Jean-Charles Orsucci a écarté l'idée d'une union contre les nationalistes: "Hors de question de s'inscrire dans un front républicain, la République c'est la démocratie", a-t-il assuré à l'AFP.
La gauche, qui avait présenté cinq listes en 2015, n'en présente qu'une cette fois-ci, menée par Jacques Casamarta (Corse insoumise). Cette liste commune PCF-Insoumis est soutenue par Pierre Laurent mais a été désavouée par Jean-Luc Mélenchon.
Le Front national, dont la candidate Marine Le Pen est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle en Corse (27,88%) et qui avait obtenu 10,58% des voix aux dernières territoriales, espère placer plusieurs élus dans cette nouvelle instance unique.
Les 63 futurs élus de la Collectivité territoriale unique (CTU) remplaceront les 30 conseillers départementaux de Haute-Corse, les 22 de Corse-du-Sud et les 51 élus de la Collectivité territoriale de Corse. Ils n'auront un mandat que de trois ans et demi, jusqu'en 2021, date à laquelle les Corses revoteront, comme tous les Français, pour les élections régionales.
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