"C'est mon dernier moment avec elle. Et je veux que Dollar reçoive des choses positives", explique Pimrachaya Worakijmanotham à l'AFP, décrivant Dollar comme son "enfant".
Le petit chien sera incinéré au funérarium spécialement construit pour les animaux dans ce temple, Krathum Suea Pla. Seule fantaisie dans ce rituel: le cercueil est rose.
Dollar n'est pas un cas isolé à Bangkok, où des magasins proposent toute une gamme de vêtements pour animaux, mais aussi des poussettes ou des piscines pour chiens. Face à la demande d'une classe moyenne ayant de l'argent à dépenser pour ses animaux de compagnie, plusieurs temples bouddhistes proposent des funérailles en tout genre.
La tendance vient du Japon, où des funérailles de poupées ou de peluches sont également organisées. L'équivalent se trouve en Europe avec des cimetières d'animaux.
Au temple bouddhiste Krathum Suea Pla, l'offre va de la crémation simple (l'animal posé à même la plaque du crématorium) à l'intervention de moines pour chanter et prier pour l'esprit de l'animal défunt.
Des sorties en bateau sont même organisées sur le grand fleuve traversant Bangkok, la Chao Praya, pour que les propriétaires d'animaux puissent disperser leurs cendres dans les flots, comme ils le feraient pour un proche parent.
'Ma fille'
"Si la réincarnation existe, reviens comme ma fille, pas sous la forme d'un animal", pleure lors d'une de ces sorties en bateau Tipaporn Ounsiri, dont le husky est mort.
Avant cette ultime étape d'adieux, dans la salle dédiée aux funérailles animales dans le temple, à côté de celle réservée aux humains, des moines en robe orange psalmodient pour accompagner les plus privilégiés vers leur prochaine vie.
Pour les funérailles de Dollar, des couronnes mortuaires de fleurs fraîches ont été disposées, avec au milieu une photo encadrée de la petite chienne.
Selon le principe bouddhiste de la réincarnation, une personne peut se réincarner en animal dans ses vies ultérieures, et vice versa.
"Dans cette vie, elle ne pouvait pas aller au temple pour faire des offrandes", tradition très pratiquée en Thaïlande, censée porter chance pour sa prochaine vie, explique la maîtresse de Dollar.
Chiens, chats, serpents, singes et coqs
Theerawat Sae-Han est l'heureux fondateur de la société "Pet Funeral Thailand", lancée il y a quatre ans. Il organise plus de 200 funérailles d'animaux de compagnie par mois.
Chats et chiens figurent en bonne place, mais aussi serpents et singes. Même des coqs de combat, tués en affrontant leur adversaire lors de ces joutes très populaires en Thaïlande, sont récompensés de leurs loyaux services avec une crémation bouddhiste en bonne et due forme, explique-t-il.
Son entreprise marche si bien que Theerawat Sae-Han a mis en place un partenariat avec le temple Krathum Suea Pla, où des moines sont en charge de gérer le "Centre des funérailles pour animaux".
"Avant, nous les enterrions dans les parcs. Mais aujourd'hui il est devenu difficile de trouver de l'espace à Bangkok", explique le moine Samu Jumpol, l'un des responsables du temple.
La facturation des funérailles les plus somptueuses peut monter jusqu'à 100.000 bahts (2.600 euros), contre 3.000 bahts (80 euros) pour une cérémonie simple, avec un seule moine, explique le religieux.
Dans ce pays très majoritairement bouddhiste, les temples sont régulièrement accusés de mercantilisme, multipliant les moyens d'obtenir des dons de leurs ouailles.
Mais pour le moine Samu Jumpol, marquer les funérailles de son animal de compagnie dans un temple bouddhiste est un bon moyen pour les propriétaires de se souvenir que "rien n'est permanent" dans la vie.
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