Après plusieurs jours de négociations, indépendantistes et non indépendantistes ont réussi à s'entendre pour élire un chef de l'exécutif, le président sortant Philippe Germain (Calédonie ensemble, droite modérée).
Jusqu'à présent, les rivalités au sein de la droite, pourtant majoritaire, paralysaient le gouvernement de cet archipel très autonome, qui depuis le 31 août, était cantonné à l'expédition des affaires courantes.
"C'est un message important qui est adressé aux Calédoniens à quelques mois du référendum", a déclaré à la presse M. Germain, précisant que le gouvernement "allait reprendre le chemin des réformes et envoyer des signaux positifs pour la confiance économique et sociale".
"J'arrive ici à une époque où les enjeux pour la Nouvelle-Calédonie sont considérables. On est à la fin d'un processus démarré en 1988 et accéléré en 1998 et qui permet à l'ensemble des parties calédoniennes de travailler ensemble et d'imaginer quelle sera leur futur commun", a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe lors de sa première déclaration à la presse à Nouméa samedi matin à moins d'un an d'un référendum sur l'indépendance, espérant que ce processus "se déroule calmement".
Dans une déclaration commune lue solennellement devant la presse, les élus ont exprimé leur "volonté partagée d'ouvrir un dialogue approfondi entre les formations indépendantistes et non indépendantistes afin de préparer l'échéance du référendum et son lendemain".
"Les membres du gouvernement s'engagent à assurer un fonctionnement collégial, solidaire et consensuel conforme à la lettre et à l'esprit de l'Accord de Nouméa (1998)", ont-ils ajouté.
'Factotum'
Ils ont placé cette déclaration sous le signe de "la responsabilité" et de la "dynamique" insufflée par le comité des signataires de l'accord de Nouméa, le 2 novembre à Matignon, au cours duquel un consensus avait été trouvé sur le corps électoral référendaire.
"Si on n'avait pas eu un gouvernement en ordre de marche, le Premier ministre n'aurait vu qu'un factotum, et non un président de plein exercice", a souligné auprès de l'AFP le député Constructif Philippe Gomès (Calédonie Ensemble).
Edouard Philippe, qui s'est personnellement impliqué dans ce dossier sensible, est arrivé samedi matin pour une visite de quatre jours sur le Caillou et doit rencontrer le gouvernement de Nouvelle-Calédonie. Le chef du gouvernement va au cours de son séjour rencontrer également les forces politiques indépendantistes et non indépendantistes et visiter les trois provinces (Nord, Sud, et Iles Loyauté).
Jusqu'à présent, les indépendantistes avaient refusé d'arbitrer les querelles de la droite. Jean-Louis d'Anglebermes (Union Calédonienne), élu vice-président de l'exécutif, a cependant estimé que le gouvernement ne devait "pas être le lieu où on règle des comptes politiques".
"La volonté a été de transformer l'essai de la démarche engagée à Paris pour avoir en 2018 une consultation sereine et sincère", a-t-il ajouté.
M. Germain a été élu avec 10 voix sur 11, regroupant sur son nom les 5 suffrages des membres du gouvernement appartenant à la Plateforme (qui réunit les principaux partis de droite, et a 23 élus sur 54 au Congrès) ainsi que les 5 voix des indépendantistes.
Seul le représentant des Républicains calédoniens (6 élus sur 54 au Congrès) a voté blanc. Ce parti, qui incarne la frange la plus radicale de la droite, a affirmé avoir été exclu des discussions qui ont précédé ce dénouement.
Dans un communiqué, les Républicains calédoniens ont dénoncé l'existence d'un accord occulte entre la Plateforme et les indépendantistes, où figureraient "de nouveaux transferts de compétences à la Nouvelle-Calédonie, éloignant un peu plus celle-ci de la République".
Les Calédoniens doivent se prononcer d'ici à novembre 2018 sur l'accession de leur archipel à la pleine souveraineté, au terme d'un long processus de décolonisation par étapes, entamé en 1988 par les accords de Matignon, puis prolongé par l'accord de Nouméa (1998).
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