L'Union européenne a donné à Londres jusqu'au lundi 4 décembre pour prendre des engagements "suffisants" sur la frontière irlandaise, un des trois dossiers qu'elle souhaite régler en priorité avant d'initier la deuxième phase des négociations, soit la définition de sa future relation commerciale avec Londres.
"Nous n'y sommes pas encore", a constaté vendredi le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney. "Nous voulons être positifs mais nous insistons aussi sur le fait qu'il ne peut y avoir de frontière", a-t-il ajouté devant la presse à Dublin.
Le retour d'une frontière entre les deux Irlande après le Brexit -prévu fin mars 2019- risquerait de provoquer un choc pour ces deux économies particulièrement imbriquées qui échangent aujourd'hui sans entraves.
Elle pourrait aussi fragiliser l'accord de paix de 1998 en Irlande du Nord.
Après une rencontre dans la capitale irlandaise avec le Premier ministre Leo Varadkar, le président du Conseil européen Donald Tusk a affiché un soutien sans faille à la position irlandaise.
"Permettez-moi de le dire très clairement. Si l'offre britannique est inacceptable pour l'Irlande, elle le sera aussi pour l'UE", a-t-il déclaré devant la presse au côté de M. Varadkar.
"La clé de l'avenir du Royaume-Uni réside - à certains égards - à Dublin, du moins tant que les négociations sur le Brexit se poursuivent", a estimé M. Tusk, en assurant que l'UE "soutient complètement" la demande de l'Irlande de ne pas voir rétablie une frontière physique.
"Les revendications irlandaises sont les revendications de l'UE" et "nous ne pouvons pas laisser le Brexit détruire" l'accord de paix de 1998, a-t-il encore insisté.
Tout en se disant "optimiste", M. Varadkar s'est de son côté dit prêt "à rester ferme avec ses partenaires si l'offre britannique n'est pas satisfaisante".
Une garantie écrite
Plus tôt, M. Coveney a répété qu'avant d'aller de l'avant dans les négociations, son pays souhaitait obtenir la garantie écrite de Londres qu'une frontière physique ne serait pas rétablie.
Si les discussions sur la facture du Brexit ont semblé progresser récemment, sans toutefois aboutir jusqu'à présent, le contentieux irlandais a de plus en plus émergé comme un point de blocage.
C'est lors d'un sommet prévu les 14-15 décembre à Bruxelles que les dirigeants européens diront s'ils acceptent ou pas d'ouvrir les négociations commerciales, que le Royaume-Uni s'impatiente de pouvoir lancer.
Le gouvernement britannique a indiqué que les discussions se poursuivaient avec Dublin. Il a certes écarté la possibilité d'une frontière dure avec l'Irlande, évoquant notamment un "nouveau partenariat douanier" avec l'UE ou la possibilité de recourir à la "technologie" pour réduire les contrôles frontaliers.
Mais une commission parlementaire britannique a prévenu vendredi que sa décision de quitter le marché unique et l'union douanière semblait impossible à concilier avec le maintien d'une frontière irlandaise "sans friction".
Cela "fera inévitablement de la frontière entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande la frontière douanière de l'UE avec le Royaume-Uni", a-t-elle estimé.
Le Times affirmait jeudi qu'un accord sur la frontière irlandaise était proche. Selon le quotidien britannique, Londres délèguerait des pouvoirs à l'Irlande du Nord, dans les domaines de l'agriculture et de l'énergie notamment, afin de permettre une convergence douanière avec la république voisine.
Une proposition qui pourrait fragiliser encore davantage la Première ministre britannique Theresa May. Le parti unioniste nord-irlandais DUP a prévenu que tout accord qui entraînerait des règles différentes pour l'Irlande du Nord pourrait remettre en cause son soutien au gouvernement minoritaire de la cheffe de l'exécutif.
"Il est clair que nous ne pouvons pas trouver un accord sur le moindre détail à ce stade, surtout que le résultat final dépendra des futures relations entre l'UE et le Royaume-Uni", a cependant admis M. Tusk.
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