Depuis la mi-novembre, l'ancien président de Sciences-Po Lille Pierre Mathiot, mandaté par le ministre de l'Education, rencontre syndicats d'enseignants, fédérations de parents d'élèves, associations des professeurs pour chaque discipline etc.
Quelque 70 réunions se dérouleront d'ici mi-décembre, avant une remise du rapport un mois plus tard à Jean-Michel Blanquer, qui rendra ses conclusions en février. Le ministre a déclaré en novembre vouloir "en finir avec le bachotage" et "redonner du sens" à cet examen de fin de lycée, qui donne accès aux études supérieures.
Pendant sa campagne, Emmanuel Macron a évoqué quatre épreuves terminales et le reste des notes obtenues en cours de scolarité.
Pour le contrôle continu, il ne s'agirait pas forcément des évaluations pratiquées au fil des semaines, indique Stéphane Crochet, secrétaire général du syndicat SE-Unsa. Il évoque par exemple des "partiels" passés en cours d'année, à l'échelle de chaque lycée et sur des sujets tirés d'une banque de données nationale.
Quelles seraient les quatre épreuves finales? Le SE-Unsa penche pour trois épreuves écrites (dont deux qui détermineront la coloration du bac, scientifique, littéraire ou économique) et une présentation orale sur un projet interdisciplinaire.
Selon l'association des professeurs de philosophie du public (Appep), qui a elle aussi rencontré la mission de Pierre Mathiot, le nouveau bac se découperait en deux épreuves "universelles" passées en juin et deux "de spécialité" passées plus tôt et dont les résultats seraient communiqués aux écoles et universités via Parcoursup, le dispositif d'inscription post-bac qui remplace APB.
A ces quatre épreuves s'ajouterait le français (passé en première). Et peut-être l'éducation physique et sportive (EPS).
"Une foire d'empoigne"
L'Appep assure que la philosophie, qui "contribue notablement à l'identité" du bac, sera une des deux épreuves universelles, avec les mêmes sujets pour tous les candidats. La deuxième épreuve universelle serait une épreuve orale, calquée sur le "colloquio" du bac italien, un travail personnel pluridisciplinaire.
Bruno Magliulo, inspecteur d'académie honoraire, prévoit "une belle foire d'empoigne entre les disciplines". Mais selon Stéphane Crochet, avec un parcours par modules au lycée (où les élèves choisiraient différentes matières selon leur profil ou leurs projets d'études, par exemple), toutes les disciplines peuvent être reprises en épreuves terminales.
L'année scolaire serait découpée non plus en trimestres mais en semestres, avec passage des "partiels" en février et un dernier semestre consacré à l'étude des quatre "majeures" choisies par les lycéens. Un découpage calendaire qui serait adopté dès la seconde. Le sort des filières du bac général (S, L ou ES) est en discussion, mais rien n'est tranché.
Le Snes-FSU regrette "un calendrier très contraint" et l'absence du bac professionnel dans la concertation - la réforme envisagée ne concerne que les bacs généraux et technologiques. Le premier syndicat dans le secondaire met en garde contre "un parcours modulaire à la carte": si le choix est laissé aux seuls élèves, cela pénalisera les plus fragiles et les moins informés, prévoit-il.
Il faut réfléchir aux modalités de passage des épreuves (leur durée, en limiter le nombre via un tirage au sort avant l'examen par exemple) "mais nous voulons maintenir l'horizon commun" que constitue le passage du bac, qui pousse élèves et professeurs à travailler "dans la perspective des épreuves finales", déclare Claire Guéville, en charge du lycée au Snes.
Enfin, pas question que la réforme prévue se traduise par une baisse des horaires de chaque discipline, ajoute-t-on.
Pour le moment, Pierre Mathiot écoute et n'a rien annoncé, la phase de concertation n'étant pas terminée.
Les tentatives de réforme du bac, ces dernières années, ont toutes échoué, malgré les critiques dont cet examen est la cible: il ampute l'année scolaire du mois de juin, il est jugé coûteux, "trop facile" et surtout "inutile" puisque les filières sélectives (BTS, IUT, classes prépa) et les universités à partir de 2018 regardent les dossiers des candidats bien avant la publication de ses résultats.
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