Leur sortie de prison marquerait un tournant dans cette campagne que les indépendantistes, depuis l'échec de leur tentative de sécession de cette région du nord-est de l'Espagne, mènent sur le thème de la libération de ce qu'ils appellent "prisonniers politiques".
"La répression de l'Etat est à l'heure actuelle l'élément mobilisateur de l'indépendantisme", a déclaré à l'AFP le politologue catalan Oriol Bartomeus, proche des socialistes.
"Dès lors qu'ils n'auront plus de prisonniers politiques, ils devront réorienter leur campagne", estime-t-il.
L'ancien vice-président catalan Oriol Junqueras a été le premier à être entendu par le juge d'instruction Pablo Llarena de la Cour suprême, qui se charge dorénavant de l'enquête sur tout le noyau dur indépendantiste.
Il doit examiner sa demande de remise en liberté, comme celles des sept autres ex-ministres du gouvernement destitué et les présidents des influentes associations indépendantistes Assemblée nationale catalane (ANC) et Omnium Cultural, Jordi Sanchez et Jordi Cuixart.
Ils espèrent qu'elle sera acceptée, la Cour suprême s'étant montrée clémente avec d'autres élus séparatistes en les laissant en liberté contre le paiement d'une caution.
Renoncer à l'indépendance unilatérale
Des représentants de partis et associations séparatistes ont assuré à la presse que l'argent pour payer les cautions était prêt, "pour qu'ils ne soient pas en prison cinq minutes de plus" selon l'élue indépendantiste Ester Capella.
Plusieurs séparatistes emprisonnés, dont M. Junqueras, ont assuré dans leur demande de remise en liberté qu'ils renonçaient à l'indépendance unilatérale vis-à-vis de l'Espagne, déclarée le 27 octobre par le parlement catalan.
Ils disent également accepter la prise de contrôle de la Catalogne par le gouvernement central, qui avait dans la foulée destitué le gouvernement régional et convoqué des élections en réaction à cette déclaration d'indépendance.
C'est la même stratégie qu'avaient employé début novembre l'ex-présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, et cinq députés, avant d'être remis en liberté.
"Ils doivent se défendre pour rentrer chez eux et pouvoir participer à la campagne (mais) je crois qu'il ne faut renoncer à aucune conviction", a justifié le sénateur indépendantiste Josep Lluis Cleries venu les soutenir devant le tribunal.
Les militants indépendantistes, furieux de la détention de leurs dirigeants, ont multiplié depuis de petites manifestations et arborent un ruban jaune en soutien aux "prisonniers politiques".
"Vous devez sortir de prison parce que vous n'auriez jamais dû y entrer", a tweeté dans la matinée le président catalan destitué Carles Puigdemont depuis Bruxelles où il a fui avec quatre membres de son gouvernement.
La justice belge examine un mandat d'arrêt européen émis par l'Espagne contre eux.
Mais Carles Puigdemont ainsi qu'Oriol Junqueras et la majeure partie des anciens membres du gouvernement catalan sont tout de même candidats aux élections régionales du 21 décembre imposées par Mariano Rajoy.
Campagne semée d'embûches
Bien qu'ils aient réussi à organiser un référendum d'autodétermination le 1er octobre et à déclarer ensuite l'indépendance, beaucoup de dirigeants ont ensuite reconnu ne pas disposer des moyens de créer un Etat en bonne et due forme.
Cette fois-ci les indépendantistes ne précisent pas leurs intentions s'ils remportent à nouveau une majorité absolue le 21 décembre et concentrent pour le moment leurs attaques sur le gouvernement de Madrid.
Les sondages prédisent un équilibre des voix entre indépendantistes et non indépendantistes, ce qui compliquerait la formation d'un gouvernement.
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