"@theresa_may ne te focalise pas sur moi, focalise-toi sur le terrorisme islamique radical destructeur à l'intérieur du Royaume-Uni. Tout va bien pour nous!", a tweeté à l'intention de la Première ministre britannique Donald Trump, qui n'en est pas à sa première remarque sur la gestion du terrorisme par Londres.
Ce tweet acerbe a provoqué une bronca de l'autre côté de l'Atlantique, où Theresa May avait précédemment qualifié d'"erreur" la rediffusion par le président américain de vidéos postées par Britain First, offrant une publicité inespérée à cet obscur petit parti britannique d'extrême droite.
Cette condamnation a été réitérée devant le Parlement jeudi par la ministre de l'Intérieur Amber Rudd, qui a de nouveau qualifié d'"erreur" le fait d'avoir relayé ces vidéos auprès de ses quelque 44 millions d'abonnés.
Mais elle a dans le même temps tenté de calmer le jeu : "Quand on regarde plus largement, (...) je sais combien est précieuse l'amitié entre nos deux nations", a-t-elle dit, rappelant "l'importance" de cette relation bilatérale et le partage "vital" d'informations qui a "sans aucun doute sauvé des vies britanniques".
Les trois vidéos, de sources diverses, avaient initialement été tweetées par Jayda Fransen, vice-présidente de Britain First.
"Trahison"
"Le président Trump a utilisé Twitter hier (mercredi) pour promouvoir un groupe abject qui n'existe que pour semer la division et la haine dans notre pays", a réagi le maire de Londres, Sadiq Khan, dans un communiqué.
Il y a vu "une trahison de la relation spéciale entre nos deux pays" et a demandé à Theresa May d'user de son influence pour que Donald Trump "efface ses tweets et s'excuse auprès du peuple britannique".
Sadiq Khan, premier maire musulman de la capitale britannique, a été accusé par le passé par Donald Trump sur Twitter de minimiser la menace terroriste dans sa ville.
Sa voix s'est jointe à celles d'autres responsables politiques pour demander à Theresa May d'annuler l'invitation controversée qu'elle avait faite fin janvier à Donald Trump d'effectuer une visite d'Etat au Royaume-Uni. Cette visite, déjà été reportée à 2018 après une pétition et de nombreuses protestations, impliquerait de nombreux honneurs, dont celui d'être reçu par la reine Elizabeth II à Buckingham Palace.
Relation spéciale
Le tweet de Donald Trump est le dernier en date d'une série de critiques sur Twitter ayant visé ces derniers mois son proche allié britannique, qui pensait pouvoir se reposer sur Washington pour construire son avenir après le Brexit, notamment via la conclusion rapide d'un accord commercial une fois le Royaume-Uni sorti de l'Union européenne.
Mais la rupture du président américain avec la communauté internationale au sujet de l'accord nucléaire iranien, sa guerre des mots avec la Corée du Nord, son rejet de l'accord de Paris sur le climat ou encore sa décision d'imposer des droits antidumping massifs sur des avions du canadien Bombardier ont refroidi les attentes.
Ann Coulter, une polémiste ultra-conservatrice américaine suivie par le président américain sur Twitter et qui pourrait avoir inspiré ses retweets, l'a quant à elle défendu sur la BBC: "Je pense qu'il n'a fait que rendre la pareille. Je pense qu'il a été attaqué par la mère patrie depuis plus longtemps qu'il n'a attaqué la Grande-Bretagne", a-t-elle dit.
La porte-parole de la Maison Blanche, Sarah Sanders, a estimé que la véracité des vidéos n'était pas le sujet, soulignant que la menace était "réelle".
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