"Les résidus d'antibiotiques dans les environnements agricoles des années 1950, tels que le fumier, la terre, et les eaux, ont pu avoir un impact bien supérieur à ce que l'on pensait sur la propagation de la résistance à l'ampicilline", estime le docteur François-Xavier Weill, de l'institut Pasteur, qui a dirigé ces recherches. Leur résultat est paru dans la revue spécialisée The Lancet Infectious Diseases.
"Il est urgent de réévaluer l'usage des antibiotiques chez l'animal", poursuit le docteur Weill, qui prône "une veille étroite des résistances bactériennes, à la fois chez l'homme et chez l'animal, et ce à l'échelle mondiale".
Début novembre, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a exhorté les éleveurs à ne plus du tout utiliser d'antibiotiques sur les animaux sains, afin de prévenir la propagation de la résistance à ces médicaments.
L'ampicilline, une pénicilline de synthèse, a été commercialisée en Europe en 1961. Or, les premières épidémies provoquées par des bactéries résistantes à cet antibiotique ont été observées chez l'homme peu de temps après, à partir de 1962.
Intrigués par ce délai très court, les chercheurs français ont étudié les propriétés génétiques des bactéries résistantes.
Ils ont découvert "que des bactéries possédant des gènes capables de transmettre la résistance à l'ampicilline sont en fait apparues, de façon inattendue, dès la fin des années 1950", explique l'Institut Pasteur dans un communiqué.
"L'émergence de cette résistance à l'ampicilline pourrait être due à l'utilisation dans les élevages de pénicilline G", jugent les chercheurs.
Selon eux, les gènes de la résistance peuvent être transférés entre des souches de bactéries quand celles-ci sont exposées à des niveaux relativement faibles de pénicilline G, semblables aux doses utilisées à l'époque dans les élevages.
Découverte par Alexandre Fleming en 1928 et produite en masse pendant la Seconde Guerre mondiale, la pénicilline G a été utilisée dès les années 50 dans les élevages en Amérique du Nord et en Europe, pour faire grossir les animaux et donc augmenter leur valeur marchande.
L'augmentation de la résistance aux antibiotiques est une source d'inquiétude pour les autorités sanitaires mondiales et l'OMS tire régulièrement la sonnette d'alarme.
"Il est estimé que, d'ici 2050, cette résistance fera plus de 10 millions de victimes dans le monde", assurent les auteurs de l'étude.
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