Alors que les premiers chiffres publiés dans la nuit de dimanche à lundi le créditaient de cinq points d'avance, le candidat de l'Alliance de l'opposition contre la Dictature (gauche) est passé derrière le chef de l'Etat sortant Juan Orlando Hernandez (Parti national, droite), avec 42,11% des voix contre 42,21% pour son rival, après le dépouillement de 82,89% des bulletins de vote.
"Le tribunal manipule ouvertement les valises électorales (contenant les procès verbaux), et par conséquent nous ne reconnaissons pas le système du Tribunal suprême électoral (TSE)", a proclamé en conférence de presse, le présentateur TV vedette Salvador Nasralla, candidat de gauche novice en politique, entouré de ses partisans.
Sa décision intervient après une journée au cours de laquelle le système informatique du TSE a subi un interruption de cinq heures et plusieurs autres courts incidents.
"Nous ne reconnaissons pas les résultats parce qu'aujourd'hui (mercredi) le serveur (du TSE) est tombé en panne et ils ont commencé à entrer des choses que nous ne pouvons permettre, des procès verbaux qui ne sont pas signés et vous pouvez le vérifier. Ce sont des procès verbaux falsifiés. Ils ne sont pas signés des représentants" des bureaux de vote, a assuré le candidat de 64 ans.
Un magistrat du TSE, Marco Ramiro Lobo, a déclaré à Radio America que ces incidents étaient inexplicables car d'importants investissements avaient été faits dans le système informatique du tribunal. "J'ai des doutes parce que curieusement aujourd'hui, jour où la tendance s'inverse, le système informatique TSE a commencé à tomber en panne", a-t-il dit.
Interrogé par des journalistes sur les critiques de M. Nasralla, le président de TSE David Matamoros a défendu le travail de l'institution, disant refuser "d'entrer dans des querelles avec un candidat".
Accord avec l'OEA
Le chef de la mission d'observation de l'Organisation des Etats américains (OEA), l'ancien président bolivien Jorge Quiroga, s'était pourtant peu auparavant félicité d'avoir obtenu l'engagement des deux principaux candidats d'appeler au calme et d'accepter le résultat des urnes.
Mais selon M. Nasralla, l'accord signé par lui et son rival "n'est pas valable car je ne peux accepter l'introduction de procès verbaux altérés".
La lenteur du décompte a crée incertitude, doutes et suspicion de fraudes dans le pays : beaucoup d'Honduriens se demandent pourquoi, trois jours après les élections, ils ne savent toujours pas qui gouvernera le pays pour les quatre prochaines années.
"Pour les autres élections, on savait déjà qui avait gagné. Cette fois non. Il se trame quelque chose?", s'interrogeait José Rosendo Rosales, dans le parc situé face au siège du Congrès, résumant le sentiment de nombre de Honduriens.
Marco Ramiro Lobo, un magistrat du TSE, avait assuré mardi que l'avance du candidat de l'opposition était "irréversible".
"La tendance était irréversible" en faveur de M. Nasralla, "mais cela a été changé", a affirmé mercredi à l'AFP l'ex-président de gauche Manuel Zelaya, accusant le pouvoir en place de manipulation.
Discrédit
De son côté, le président du Parti national, Reinaldo Sánchez, a demandé à ses partisans d'attendre les résultats dans le calme jusqu'au dépouillement "du dernier scrutin".
Le sociologue Eugenio Sosa, de l'Université nationale, a averti que le processus électoral avait jeté un discrédit sur les institutions qui avaient permis à M. Hernandez de se porter candidat.
Le président Hernandez brigue un nouveau mandat, normalement interdit par la Constitution, en s'appuyant sur une décision controversée de la Cour suprême.
"Dans ce pays, nous, les citoyens, nous cessons de croire aux institutions: un Tribunal électoral suprême accepte l'enregistrement d'un président quand c'est illégal et maintenant cette institution n'a plus de légitimité devant de nombreux citoyens parce qu'ils croient qu'il y a un complot de fraude électorale", a-t-il déclaré à l'AFP.
De même, Jorge Yllecas, militant du Front patriotique pour la défense de la Constitution, a souligné la perte de crédibilité du TSE.
"Aujourd'hui nous avons un tribunal électoral sans crédibilité, responsable de cette crise en agissant comme un subalterne du président. Il a créé une crise, une confrontation qui peut avoir des conséquences fatales", a-t-il prévenu.
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