Il aura fallu un an et demi de recherches pour "lever le frein technologique" qui empêchait la bagasse, résidu fibreux issu de la production de sucre à partir de la canne, de devenir la matière première de sa "Veganbottle" biodégradable.
Mais Nicolas Mouflet, 41 ans, est finalement parvenu à transformer cette fibre en granulés qui composent la "préforme", sorte d'éprouvette qui est ensuite chauffée et soufflée pour devenir une bouteille transparente, comme l'industrie le fait depuis longtemps pour ces contenants plastiques en matériaux issus du pétrole.
D'autres ont déjà développé le concept du bioplastique, à partir du maïs par exemple, reconnaît le patron de la société Lyspackaging. Seulement "le maïs est un aliment, en plus, il consomme beaucoup d'eau. Moi je ne voulais utiliser que des déchets de production", précise l'industriel, qui fait venir par bateau la bagasse d'Afrique ou d'Inde dans son usine .
L'idée de cette bouteille écologique lui trottait dans la tête depuis 2001. A l'époque, il travaillait pour un producteur de bouteilles ayant de grands groupes pour clients. Chargé du dessin industriel, M. Mouflet a ainsi créé "plus de 4.000 bouteilles" pour de célèbres marques d'eau, de sodas, de jus de fruits ou encore de cosmétiques.
Engagé en 2010 par une entreprise spécialisé dans l'événementiel, le futur chef d'entreprise conditionnera ensuite l'eau pour des marques de luxe, grands groupes automobiles ou hôtels chics, jusqu'à la faillite de cette société en 2015.
Noyaux d'olive et coquilles de moules
Nicolas Mouflet décide de consacrer sa période de chômage à la création de Lyspackaging et au démarchage de clients potentiels. Prudent, il axe d'abord son activité sur des bouteilles en plastique PET (polyéthylène téréphtalate) classique, au design travaillé et notamment orientées vers les producteurs de spiritueux. Car les bouteilles en plastique, plus légères que le verre, permettent d'exporter 25% de liqueurs en plus.
Ces bouteilles assurent d'ailleurs encore aujourd'hui 80% de ses 600.000 euros de chiffre d'affaires annuel. Mais le jeune patron compte bien "inverser ce ratio dès l'année prochaine" avec sa Veganbottle.
Problème marketing de taille: "une bouteille transparente 100% végétale ne se différencie pas d'une autre à base de pétrole. Pour qu'un bioplastique se distingue, il faut qu'il soit visible d'un seul coup d'oeil, pour le consommateur comme pour le producteur", relève le chef d'entreprise.
Pour se démarquer visuellement, Lyspackaging incorpore donc dans ses bouteille une foule de résidus naturels issus d'autres productions que la canne à sucre: noyaux d'olive pour obtenir du beige, coquilles de moules pour du noir, mais aussi huîtres, roseaux, cacao, café, bois, pépins de raisin, blé, cuir, etc.
Réduits en poudre, ces additifs donnent aux flacons végétaux une teinte hétérogène et une surface qui peut paraître lisse ou en "peau d'orange", selon la demande.
D'ici quelques mois, la start-up créée en 2015 et employant sept personnes, proposera aussi des colorants naturels à partir de plantes pour les clients soucieux d'avoir une bouteille à la couleur uniforme.
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