Pressé de toutes parts, il a finalement accepté mardi de quitter son poste de questeur de l'Assemblée, auquel il s'accrochait depuis plusieurs mois, suscitant l'ire de la droite mais aussi de l'actuelle majorité.
Ce proche d'Édouard Philippe s'était fait connaître du grand public en 2016, lorsqu'il avait été bombardé grand ordonnateur de la primaire de la droite et du centre, une époque où chacun des candidats affirmait lui accorder sa "confiance".
Un an plus tard, il est devenu l'incarnation du paria chez Les Républicains qui lui reprochent déloyauté et duplicité pour s'être montré favorable au pouvoir macronien.
"Traître" pour Nadine Morano, "opportuniste" selon Laurent Wauquiez, c'est une "planche pourrie" qui "vendrait sa famille" aux dires d'un autre responsable Républicain toujours amer. Cet homme à la carrure de troisième ligne, père de quatre enfants, est pourtant décrit comme "jovial" par les siens, qui lui reconnaissent une certaine agilité et un talent d'orateur médiatique.
C'est déjà en dissident que Thierry Solère avait fait ses armes électorales, en 2012, lorsqu'il avait défié, et triomphé de Claude Guéant, ministre de l'Intérieur sortant, lors des législatives à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).
Exclu de l'UMP pour l'affront, mais réintégré quelques jours après sa victoire, ce juriste de formation avait gagné en influence dans le premier parti de l'opposition d'alors, en cultivant une image urbaine et modérée, jusqu'à devenir président du groupe LR au Conseil régional d'Île-de-France après la victoire de Valérie Pécresse.
Soutien de Bruno Le Maire lors de la campagne pour la présidence du parti en 2014, sa rondeur et sa bonhommie lui avait permis d'obtenir du vainqueur Nicolas Sarkozy qu'il lui confie le comité d'organisation de la primaire, qui s'est soldée par la victoire de François Fillon.
"Je le revois se rouler par terre pour obtenir le porte-parolat de ma campagne", se souvenait l'ancien candidat à l'Élysée, en août dernier, regrettant d'avoir cédé.
'Prêt à tout'
Car après la mise en examen du Sarthois sur fonds d'emplois fictifs familiaux présumés, Thierry Solère est l'un des premiers à quitter la campagne avec fracas, et de s'en expliquer au journal de 20 heures: "François Fillon n'est pas en capacité de porter les couleurs de la droite à l'élection présidentielle".
Mais, à défaut de la prise de l'Élysée par les Républicains, c'est celle de Matignon et de plusieurs ministères par sa bande de copains qui rapproche Thierry Solère du nouveau pouvoir.
Car depuis plusieurs années, avec Édouard Philippe ou Gérald Darmanin (Action et comptes publics), Thierry Solère partageait tous les mardis soirs la table d'un restaurant espagnol de la rive gauche parisienne, aux côtés de Gilles Boyer, Benoist Apparu ou Franck Riester.
C'est aux côtés de ce dernier qu'il prend les devants de la recomposition politique après les législatives de juin, lorsque les deux toujours Républicains créent un groupe à l'Assemblée, Les Constructifs, certes "dans l'opposition", et en même temps bienveillant à l'endroit d'Emmanuel Macron.
L'axiome lui permet de s'emparer d'un des trois postes de questeurs de l'Assemblée réservés à l'opposition, en s'attirant les foudres des Républicains auquel le poste semblait promis.
Chez Les Constructifs, depuis six mois, le truculent député des Hauts-de-Seine était perçu comme un électron libre, à la fois apprécié pour ses bons mots assassins mais suscitant la méfiance, notamment eu égard à ses grandes ambitions.
"Il est prêt à tout" et "a des méthodes contestables", déplore une source chez Les Constructifs. Chez LREM, on salue poliment son arrivée: "Il est une personnalité qui compte", relève la députée Aurore Bergé.
Une entrée au gouvernement ne semble toutefois pas à l'ordre du jour: Thierry Solère est toujours visé par une enquête préliminaire du parquet de Nanterre suite à une plainte de Bercy pour une suspicion de fraude fiscale.
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Assemblée: Solère quittera ses fonctions de questeur "dès la fin de cette année"
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