Les Chaldéens et les Syriaques de la plaine de Ninive, dans le nord irakien, s'inquiètent toutefois encore de la résurgence de nouveaux combats, surtout au moment d'un regain de tensions entre les combattants kurdes et le gouvernement central de Bagdad.
En visite à Washington, celui qui représente l'Eglise catholique chaldéenne dans la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien est venu plaider la cause de sa communauté pour que l'administration du président Donald Trump tienne sa promesse de l'aider plus directement.
"Il ne s'agit pas de les aider seulement parce qu'ils sont chrétiens, mais parce qu'ils ont été persécutés et abandonnés. C'est une juste cause", a-t-il dit à l'AFP en saluant la nouvelle position des Etats-Unis.
Le vice-président américain Mike Pence a annoncé fin octobre que l'aide américaine irait plus directement aux chrétiens et Yazidis en Irak, sans forcément passer par les Nations unies. Pour mettre cette promesse en musique, l'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Nikki Haley a demandé la semaine dernière qu'une partie de la contribution américaine au Programme de développement de l'ONU (Pnud) soit affectée en priorité à ces minorités religieuses.
'Changer les mentalités'
"Nous avons souffert plus que d'autres", a justifié l'archevêque d'Erbil. "Les chiites ont le soutien du gouvernement central" et "de l'Iran", "les sunnites ont aussi le soutien des gouvernement sunnites de la région, ce qui est très bien car cela les aide à reconstruire leurs maisons et leurs villes".
"En tant que chrétien, qu'archevêque, je dois chercher du soutien pour notre communauté", a ajouté Mgr Warda. "Il ne s'agit pas seulement de soutien financier, mais aussi d'éveiller les consciences, défendre la cause des chrétiens victimes d'un génocide".
Dans son entourage, on estime que les Etats-Unis ont toujours aidé par le passé les peuples victimes de "génocide", mais ont échoué jusqu'ici à en faire autant avec les chrétiens d'Irak. "La proposition du vice-président Pence renoue avec la tradition américaine", se réjouit-on.
L'EI avait fait massivement fuir ces dernières années les membres de l'une des plus anciennes communautés chrétiennes au monde.
Bashar Warda "espère" que 2018 sera l'année du retour des déplacés dans leur foyer. "Le plus tôt sera le mieux", a-t-il affirmé, soulignant que le mouvement a déjà commencé au fur et à mesure que les jihadistes étaient chassés de Mossoul et d'autres territoires.
Mais, outre la reconstruction qui prendra du temps, d'autres obstacles subsistent.
Dans certains quartiers de Mossoul, a-t-il expliqué, "des chrétiens ont fait part de leurs inquiétudes au sujet de la sécurité". "On a battu l'EI militairement mais son idéologie est encore là", il faut "changer les mentalités", a fait valoir l'homme d'Eglise.
Les combats entre forces kurdes et irakiennes qui ont éclaté après le référendum contesté pour l'indépendance du Kurdistan irakien risquent aussi, à ses yeux, de "ternir la réputation" de cette région autonome considérée jusqu'ici comme un refuge pour les chrétiens et de ralentir de retour des déplacés chez eux.
Tout en insistant sur le fait qu'il s'agit d'un problème "politique", Mgr Warda suggère que les chrétiens peuvent aider à apaiser les tensions, prenant l'exemple d'un conflit local entre Kurdes et gouvernement central qui a été évité, dans un village, grâce à une médiation de l'Eglise.
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