. Championnat: une Ligue fermée
Le Top 14, qui attire beaucoup de joueurs étrangers, est souvent pointé du doigt comme nuisible pour la sélection. "C'est peut-être le championnat le plus rémunérateur, mais ce n'est peut-être pas celui où il y a le plus de vitesse et d'intensité", estime l'ancien troisième ligne aile (1971-1978) puis sélectionneur (1995-1999) Jean-Claude Skrela.
"Ce sera plus facile, c'est sûr, si on fait une ligue fermée et qu'on dit +feu!+ au spectacle", suggère Thomas Lièvremont, un autre ex-troisième ligne des Bleus (1996-2006). "Il ne sera pas question de résultats mais de jeu à tout-va et on va préparer aux matches internationaux. On crève aussi de la pression qui existe sur tous les clubs, les entraîneurs", estime l'ex-sélectionneur des moins de 20 ans.
. Tests: fixer des objectifs annuels
Elu en décembre 2016 à la tête de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte avait fixé un objectif de trois victoires en quatre matches qui le ridiculise aujourd'hui autant que Guy Novès. Olivier Magne, encore un troisième ligne (1997-2007), est d'accord pour mettre l'encadrement "sous pression", mais de manière constante.
"Je serais d'avis, tous les ans, voire tous les deux ans, de faire un retour et de fixer des objectifs: un pourcentage de victoires minimum pour permettre à l'équipe de France de ne pas végéter", estime le consultant d'Eurosport.
. Formation: enseigner plutôt qu'entraîner
Le manque d'inspiration des Bleus face au Japon puise son origine dans l'enseignement de la discipline au plus jeune âge, estiment les "ex". "Bien sûr, il faut apprendre la culture de la gagne, mais si on perd un match à l'école de rugby en ayant tenté des choses, pris des risques, ce n'est pas grave", dissèque Thomas Lièvremont.
"Ce qui me frappait chez les -20 ans, c'est que les joueurs prenaient la balle et fonçaient tout droit. Combien de fois les Japonais nous ont-ils eus sur des crochets ?", souligne cet actuel éducateur dans le Pays basque.
Un avis partagé par Jean-Claude Skrela. "Dans le rugby français, on ne forme pas les joueurs, on les formate très petits. On n'enseigne pas à l'école de rugby, on entraîne. On demande aux gamins de refaire ce que refont les grands. Or, on n'entraîne pas les petits comme on entraîne les grands."
A cela se rajoute un déficit de pratique par rapport à la concurrence, selon Skrela: "dans les autres nations, le rugby est enseigné à l'école". Ex-directeur technique national (2004-2014), le Toulousain admet qu'il n'est "pas arrivé à faire changer les choses" au cours de son mandat.
. Contrats fédéraux, le retour
Bernard Laporte avait voulu imposer des contrats fédéraux. Il a dû reculer devant l'opposition des puissants clubs de Top 14.
"Le rugby de l'équipe de France et le rugby des clubs, c'est incompatible", estime pourtant Skrela, partisan d'un système adopté par les nations celtes et celles de l'hémisphère sud. "Donnez-moi une nation, à part l'Angleterre, où il y a un rugby de clubs. Les Ecossais, qui ont mis 40 points à l'Australie (53-24 samedi, NDLR), jouent la Coupe d'Europe, un peu la Ligue celtique et surtout en équipe nationale", insiste-t-il.
"Aujourd'hui, les mêmes joueurs, vous les prenez sous contrat quand ils ont 17-18 ans, vous les faites travailler, vous les engagez dans les compétitions (en sélection jeunes) et ce seront les vôtres", ajoute Skrela.
"On ne peut pas demander à des gamins d'arriver et de prendre le leadership sur l'équipe de France", abonde Lièvremont, qui a connu Anthony Belleau, Antoine Dupont ou encore Judicaël Cancoriet, trois néo-internationaux jetés dans le grand bain en novembre, chez les - de 20 ans.
"Comment font les autres pays ? Les gamins, ils les intègrent et au début, ils se servent de la dynamique du groupe pour progresser, prendre de l'expérience. On ne peut pas demander à ces joueurs-là de gagner (contre) les Blacks", estime le frère de Marc Lièvremont, autre ex-sélectionneur.
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