Il a également dénoncé un "harcèlement permanent" des médias qui inhiberait les joueurs et assuré que le président de la Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte, ne lui avait pas encore proposé d'injecter du sang frais au sein de l'encadrement.
QUESTION: Etes-vous abattu ou inquiet?
REPONSE: "Il n'y a ni abattement ni inquiétude. Je suis bien conscient de la période qu'on traverse. J'en connais quelques raisons."
Q: Lesquelles?
R: "Je n'ai pas trop envie de les dire car sinon on dit que je me plains."
Q: Quels sont les ressorts sur lesquels vous pouvez agir pour redresser la barre?
R: "Là, aucun, car les joueurs sont retournés dans leurs clubs. On va suivre leur évolution pendant deux mois, et on prendra pour le Tournoi (début février) les joueurs en forme. Certains, qui n'étaient pas là puisqu'on a quasiment une vingtaine de blessés, vont nous rejoindre. Et on va se poser des questions sur notre projet de jeu, par la force des choses. Se remettre au travail pour donner un peu de confiance à ce groupe qui en a perdu pas mal."
Q: Comment l'expliquez-vous?
R: "Il y a une pression très importante mise sur le dos de l'équipe de France à l'heure actuelle. Elle porte ses fruits petit à petit. Ce harcèlement permanent fait que les joueurs qui se lâchaient n'en ont plus le loisir aujourd'hui."
Q: Cette pression supérieure en sélection vous dérange-t-elle donc?
R: "Non. Et je sais très bien que si demain l'équipe de France regagne quelques matches, on peut retrouver le soutien des médias. Je n'ai pas de problème par rapport à ça, c'est tout à fait cohérent. Mais c'est sûr que cette approche n'est pas toujours positive pour faire venir les gens au stade, et pour les joueurs."
Q: Allez-vous proposer un plan de jeu plus simple, moins ambitieux?
R: "Je ne raisonne pas comme ça. Quand on tombe un ballon, qu'on manque un deux contre un, vous croyez que c'est lié au nombre de combinaisons? (Samedi) quelques situations se sont présentées, on ne les a pas jouées à la perfection. A ce niveau, c'est à ne pas faire. Par exemple le deux contre un manqué en début match (par Teddy Thomas à la 6e minute, NDLR) a eu son importance."
Q: La régression est flagrante par rapport à novembre dernier...
R: "Evidemment, par rapport au Tournoi aussi. Ce qui me gêne, c'est qu'on pouvait penser, à partir de la deuxième période contre les Blacks (18-38 le 11 novembre), que la machine allait se mettre en route. Et derrière on passe à côté contre l'Afrique du Sud, même si on ne perd que d'un point (17-18). Et la copie rendue hier soir est très très loin de ce qu'on veut faire."
Q: Pensez-vous devoir changer votre mode de management?
R: "J'ai une façon de manager les joueurs qui m'est propre, tout le monde le sait. J'ai la sensation que jusqu'à présent (à Toulouse) elle n'a pas été trop mal. Mais là, en équipe de France, on n'a les joueurs qu'épisodiquement, donc quand on ne voit pas les joueurs, c'est compliqué de les manager. Si je suis sévère ou pas, les joueurs le savent. Mais bien sûr qu'après hier, on ne peut pas être heureux, jovial. Il y a eu des mots très durs, notamment à la mi-temps."
Q: Pensez-vous avoir encore l'adhésion du groupe? Vous sentez-vous capable de redresser la barre?
R: "Bien sûr, je suis optimiste. Si je n'avais pas ce comportement, on ne m'aurait jamais proposé ce poste-là, et je n'aurais rien à y faire. Si vous pensez que dans ce métier il n'y que les gens qui réussissent... Tout le monde connaît des échecs. L'Argentine, par exemple, dont on m'a seriné pendant des mois qu'elle était l'exemple à suivre: après sept défaites de suite contre les meilleures nations mondiales (avant sa victoire en Italie le 18 novembre, NDLR), vous pensez que son entraîneur pense à démissionner? Ou bien plutôt à comment faire progresser son équipe? Ce n'est pas parce qu'on a une série négative... Et encore, ça dépend contre qui: hormis hier, où on a été loin du standing international, on a joué quatre fois contre l'Afrique du Sud et deux fois contre la Nouvelle-Zélande."
Q: Vous excluez de démissionner. Etes-vous ouvert à l'apport de sang neuf dans votre staff, comme évoqué par Bernard Laporte?
R: "Ca ne regarde que Bernard Laporte et moi. S'il a quelque chose à me proposer, il me le proposera. Pour l'instant, ce n'est pas le cas."
Propos recueillis par Nicolas KIENAST
A LIRE AUSSI.
Venezuela: la rue "s'est éteinte", déplore le manifestant violoniste
Guérin (Bleus) à l'AFP: France-Bulgarie en 1993, "une génération jetée à la poubelle"
PSG: "La Ligue des champions, là où se joue la crédibilité d'une équipe" selon Emery
Suède-France: Deschamps ne veut "pas d'euphorie excessive" après le Paraguay
La fusion avec le Racing 92, "un gros coup de couteau dans le dos" pour Camara (Stade Français)
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.