"Mon coeur, comment vas-tu ?", lui demande Catherine Man, sa vétérinaire, lors de sa visite hebdomadaire.
Sur les pelouses de Plantation, la demeure georgienne du gouverneur de l'île de Sainte-Hélène où il réside, Jonathan lui tend son cou, long et fripé. La jeune femme s'empresse de le caresser.
"C'est mon VIP, mon patient le plus important", raconte Catherine Man, seule vétérinaire de ce minuscule territoire britannique isolé, situé à mi-chemin entre l'Afrique et l'Amérique du Sud.
Jonathan, la tortue géante, est une "institution" et probablement l'habitant le plus connu de cette île de 4.500 âmes.
Il figure sur les pièces de 5 cents et les tampons d'immigration de Sainte-Hélène.
Son statut d'attraction touristique lui vaut un traitement de faveur: ce sont les cuisines du gouverneur de l'île qui lui concoctent ses repas. Carottes, laitue, concombres, pommes et poires.
"Il a probablement des fruits et légumes de meilleure qualité que les habitants de l'île", où l'essentiel de la nourriture est importée par bateau, plaisante Catherine Man.
Les circonstances de l'arrivée à Sainte-Hélène de cette tortue géante originaire des Seychelles restent un mystère. Mais une chose est sûre, Jonathan a depuis longtemps dépassé sa "date d'expiration", qui est d'environ 150 ans, selon Catherine Man.
Un mode de vie 'no stress'
Le secret de sa longévité ? "Les reptiles ont un métabolisme lent, ils respirent lentement, prennent leur temps pour manger, guérir... et vieillir", explique la vétérinaire franco-anglaise.
En plus, Jonathan "a un mode vie extrêmement détendu, avec très peu de stress. Il passe son temps sur les pelouses" de Plantation face à l'océan Atlantique "et peut-être que son caractère tranquille n'est pas pour rien dans sa longévité".
Le centenaire est aveugle, a perdu de son odorat, mais son ouïe reste intacte et il aime toujours les "ladies", assure, espiègle, la gouverneure de Sainte-Hélène, Lisa Phillips.
"Je l'entends régulièrement sur la pelouse batifoler avec Emma (une femelle tortue). Mais je dois les surveiller quand ils passent à l'action parce que les tortues peuvent se retourner sur le dos et ne plus se relever. Ce n'était pas dans le descriptif de mon poste !"
Il y a des années, Jonathan aimait se faufiler, à l'heure du thé, sous les tables installées dans les somptueux jardins de Plantation. "On voyait alors une table avancer avec des boissons dessus", raconte la gouverneure à l'AFP.
Quand Jonathan tirera sa révérence, le plan "Operation go slow" (Opération on y va lentement) sera activé. Sa carapace sera conservée et exposée. Sa nécrologie est déjà prête.
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