Quelques heures après la promesse du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi de "venger les martyrs", l'armée a procédé dans la nuit à des frappes aériennes dans la zone de l'attaque, dans la région orientale du Sinaï où les forces de sécurité combattent la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
Encore non revendiqué, même si tout pointe vers une opération jihadiste, l'attentat survenu lors de la prière du vendredi dans la mosquée al-Rawda de Bir al-Abd, à 40km à l'ouest d'Al-Arich, capitale de la province du Nord-Sinaï, s'est soldé par au moins 235 tués et 109 blessés. Les assaillants ont fait exploser une bombe avant de tirer à l'arme automatique sur les fidèles.
Cette attaque, rarissime dans une mosquée, et qui est une des plus meurtrières dans le monde depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, a laissé les Egyptiens en état de choc.
'Terrorisme dans la maison de Dieu'
"Le terrorisme dans la maison de Dieu", pouvait-on lire samedi dans les médias qui arboraient des bandeaux noirs en signe de deuil.
En fin de matinée, toutes les mosquées du pays vont dédier la prière aux "martyrs" de cet attentat, ont annoncé les médias.
Des proches des victimes se pressaient à l'hôpital d'Ismaïlia, ville proche du canal de Suez dans le nord-est du pays, où les blessés ont été transportés pour être soignés, a constaté un photographe de l'AFP.
Les funérailles de certaines des personnes décédées doivent avoir lieu samedi.
Le président Sissi a appelé les forces armées à édifier un mémorial en hommage aux victimes, rapportent les médias d'Etat.
Les télévisions montraient en boucle les images de corps gisant dans la mosquée comme celles des ambulances et centres de soins portant secours aux blessés.
Vendredi, des témoins ont déclaré que les assaillants avaient encerclé la mosquée avec des véhicules tout-terrain et qu'ils avaient ensuite posé une bombe à l'extérieur du bâtiment.
Après qu'elle ait explosé, les hommes armés ont tiré sur les fidèles paniqués qui tentaient de fuir et mis le feu aux véhicules de ces derniers afin de bloquer les routes menant à la mosquée.
Menaces
Les hommes armés "sont entrés dans la mosquée, ils étaient entre 10 et 20 et ont tué plus de personnes qu'ils n'en ont blessées", a raconté à l'AFP Magdy Rizk, blessé dans l'attaque.
"Ils portaient des masques et des uniformes militaires", a ajouté M. Rizk, précisant que les familles vivant dans cette zone majoritairement soufie avaient déjà subies des menaces de groupes extrémistes.
La mosquée al-Rawda est notamment fréquentée par des adeptes du soufisme, un courant mystique de l'islam honni par l'EI qui les considère les soufis comme des hérétiques et polythéistes, le plus grand péché de l'islam.
Le grand imam d'Al-Azhar, principale institution de l'islam sunnite, le cheikh Ahmed el-Tayeb, lui-même d'obédience soufie, a condamné dans les "termes les plus fermes l'attaque terroriste barbare", et le pape François s'est dit "profondément attristé par les pertes humaines".
Comme après chaque attaque d'ampleur, les principaux dignitaires responsables religieux du pays ont rappelé dans les médias la nécessité de combattre le terrorisme et l'idéologie extrémiste.
La branche égyptienne de l'EI mène régulièrement des attaques contre les forces de sécurité dans la péninsule du Sinaï, qui borde Israël et la bande de Gaza palestinienne, bien que la fréquence et l'ampleur de ces attaques contre les militaires aient diminué au cours de l'année écoulée.
Les jihadistes se sont tournés vers des cibles civiles, attaquant non seulement des chrétiens et des soufis mais aussi des habitants bédouins du Sinaï accusés de collaborer avec l'armée.
La précédente attaque la plus meurtrière en Egypte remonte à octobre 2015, lorsqu'un attentat à la bombe revendiqué par la branche égyptienne de l'EI avait coûté la vie aux 224 occupants d'un avion russe après son décollage de Charm el-Cheikh, station balnéaire du Sinaï.
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