Les crimes de Mladic ont été commis en Bosnie, mais le nationalisme "grand serbe" des années 1990 avait son siège à Belgrade où étaient ses hérauts, à commencer par Slobodan Milosevic, mort en détention en 2006.
Ou encore Vojislav Seselj, élu député après avoir été acquitté en 2016 par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) et en attente de son jugement en appel.
Repentis ou non, d'autres sont toujours là, tel le président Aleksandar Vucic. Ministre de l'Information pendant la guerre du Kosovo (1998-99, 13.000 morts), cet ex-faucon ultranationaliste a fait sa mue en 2008 pour se convertir au libéralisme politique et mener le rapprochement de son pays avec l'Union européenne.
Aujourd'hui ministre des Affaires étrangères, Ivica Dacic était lui porte-parole du Parti socialiste de Milosevic. Il a pris ses distances avec ce passé, mais reste beaucoup plus eurosceptique que le président.
'Pas de prise de conscience'
Quant au ministre de la Défense Aleksandar Vulin, il ne renie pas ses jeunes années: il expliquait en mars s'être battu avec Milosevic pour "des idéaux importants et qui ont de la valeur", et qu'il "continuerait aussi longtemps (qu'il) vivrait".
Il était un proche collaborateur de l'épouse de Milosevic, Mira Markovic, patronne de la "gauche yougoslave" (JUL), mouvement officiellement très à gauche mais considéré comme très dur pendant les guerres des Balkans.
Pour l'historienne Dubravka Stojanovic, "la Serbie a régressé": "Il n'y a pas de prise de conscience sur les crimes de guerre et, donc, pas d'obstacle au retour des gens de Milosevic."
Milorad Vucelic fut le principal propagandiste de Milosevic en tant que patron de la télévision d'Etat (RTS). Dix-sept ans après que les Serbes sont descendus par centaines de milliers pour faire tomber le leader du pays, Vucelic n'a jamais pris ses distances et se présente volontiers comme "le camarade de Slobo", dont il a organisé les funérailles. En septembre, il a fait son retour, en prenant les rênes de l'influent quotidien Vecernje Novosti.
Vucic l'équilibriste
Des hommes condamnés reviennent aussi après avoir purgé leur peine. Ainsi l'ex-vice-Premier ministre yougoslave, Nikola Sainovic, condamné à 18 ans de prison pour les crimes de guerre du Kosovo. Dès sa libération en 2015, Ivica Dacic l'a désigné au comité directeur du Parti socialiste.
En octobre, l'Union européenne a regretté que l'ancien commandant des forces serbes au Kosovo, Vladimir Lazarevic, condamné lui à 14 ans, ait pu reprendre du service à l'académie militaire de Belgrade. Sollicité par l'AFP, le ministère de la Défense a répondu que l'officier avait juste été invité pour une seule conférence.
L'influent journaliste Dejan Anastasijevic a expliqué dans un éditorial sur internet être "effrayé" car "chaque jour, de plus en plus de vieux potes de Milosevic sont remis en place". "Ils sont convaincus que Milosevic a tout fait convenablement, et que les autorités actuelles devraient emprunter le même chemin".
Commentant ce qu'il désigne comme le "retour des zombies", le spécialiste de la région à l'University College de Londres Eric Gordy décèle un double jeu d'Aleksandar Vucic qui se livrerait à "un numéro d'équilibriste".
Le président donnerait des gages à son aile dure, influente dans son parti de centre droit, afin de se donner de l'air pour avancer dans son rapprochement avec l'Union européenne et pour nommer des responsables au profil plus "progressiste" comme la vice-première ministre Zorana Mihajlovic et la cheffe du gouvernement Ana Brnabic, issue du monde des affaires.
Mais pour Eric Gordy, "le retour permanent des vieilles idées et des anciens responsables, aussi discrédités soient-ils, parfois même condamnés, illustre la pénurie d'idées et de personnalités neuves apparues en Serbie depuis le début de ce siècle".
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