Le compte-à-rebours est lancé. Après les chiffres d'octobre - publiés ce vendredi à 18H00 -, de novembre et de décembre, la publication des chiffres de Pôle emploi deviendra trimestrielle à partir de 2018. L'indicateur, qui a toujours été très commenté chaque mois, suscitait de fortes réserves des économistes et statisticiens sur sa crédibilité.
Dès l'année prochaine, la Dares, service des statistiques du ministère du Travail, publiera, tous les trois mois, le nombre moyen de demandeurs d'emploi sur le trimestre. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en fin de mois continuera d'être mis en ligne sur le site du ministère, mais ne fera plus l'objet d'une publication.
La nouvelle mouture vise à "mettre davantage l'accent sur l'évolution tendancielle plutôt qu'au mois le mois", explique la Dares, qui "considère que les évolutions mensuelles ne sont pas significatives, n'ont pas beaucoup de sens".
Illustration: depuis le début de l'année, le nombre de chômeurs en catégorie A (sans activité) a joué au yo-yo - cinq hausses et quatre baisses -, rendant difficile l'interprétation des chiffres. Si la publication avait reposé sur des moyennes trimestrielles, la lecture aurait été plus aisée, avec trois trimestres orientés à la hausse, révélateurs d'une tendance.
L'indicateur avait également connu de fortes fluctuation en 2016 - cinq hausses et sept baisses -, alors qu'une publication trimestrielle aurait mis en évidence quatre trimestres de baisse.
Depuis sa nomination en mai, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, avait préfiguré cette évolution, en refusant, contrairement à ses prédécesseurs, de réagir aux chiffres mensuels, estimant qu'ils "ne reflétaient pas bien l'évolution du marché du travail".
Amélioration dans 'deux ans'
En attendant 2018, les trois prochaines publications, à commencer par celle d'octobre ce vendredi, traiteront ces chiffres mensuels tant décriés.
Fin septembre, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi avait fortement reculé (-1,8%), pour s'établir à 3,48 millions en métropole et 3,73 millions en France entière. Mais cette éclaircie ne faisaient guère plus que compenser deux hausses consécutives en juillet et août.
L'autre thermomètre du chômage, le taux mesuré par l'Insee, a quant à lui connu une hausse de 0,2 point au 3e trimestre. La divergence avec les chiffres de Pôle emploi est due au fait que les deux indicateurs ne mesurent pas le chômage de la même manière: l'Insee réalise une enquête auprès de 110.000 personnes, tandis que Pôle emploi publie le nombre de personnes inscrites sur ses listes.
Selon l'Institut national de la Statistique, 9,4% de la population active est au chômage en métropole, 9,7% en France entière.
Le gouvernement souhaite, conformément à une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, descendre à 7% de chômage d'ici à 2022.
Le président a assuré à la mi-octobre que "la plénitude des réformes" et leur impact sur le chômage seraient visibles "dans un an et demi, deux ans". Son ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a lui légèrement repoussé l'échéance, tablant récemment sur une "amélioration en profondeur de l'emploi" d'ici "au moins deux ans".
Le gouvernement compte notamment sur les effets de la réforme du Code du travail, entrée en vigueur fin septembre, et des réformes à venir de l'assurance chômage et de la formation professionnelle.
Selon Muriel Pénicaud, "si toutes les mesures structurelles qu'on est en train de prendre font leur plein effet, ce que nous pensons, il est raisonnable d'envisager un chômage qui baisse à 7%".
Dans l'immédiat, outre une prévision de croissance à 1,8% pour 2017, les indicateurs sur le climat des affaires et l'activité du secteur privé publiés cette semaine ont continué de s'améliorer en novembre, un environnement théoriquement porteur pour l'emploi.
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