La Marine argentine a annoncé jeudi que les analyses réalisées en Autriche de "l'anomalie hydro-acoustique" enregistrée avaient conclu à "un évènement anormal, court, violent, pas d'origine nucléaire, correspondant à une explosion", a déclaré au cours d'un point-presse à Buenos Aires le porte-parole de la Marine, Enrique Balbi.
A Mar del Plata, une explosion de pleurs et de désespoir parmi les proches des 44 marins a précédé l'annonce officielle. Ils venaient d'être informés de l'occurrence d'une explosion.
"Ils ne nous disent pas qu'ils sont morts mais qu'ils sont à 3.000 mètres de fond", a témoigné Itati Leguizamon, épouse d'un marin, devant la base navale.
Jusque là, ils manifestaient l'espoir de les retrouver en vie.
Les autorités argentines et les navires et les avions étrangers mobilisés doivent désormais localiser le sous-marin dans l'Atlantique sud. La dernière position donnée était à 400 km des côtes argentines de la Patagonie.
Jeudi, cela fait huit jours que le San Juan n'a plus donné signe de vie. Après une mission de surveillance et de patrouille, le submersible regagnait la base navale de Mar del Plata, son port d'attache.
Les batteries en question
Le journal argentin La Nacion avance la thèse d'une explosion "conséquence d'un court-circuit dans le bloc de 960 batteries qui alimente en énergie" le TR-1700 de fabrication allemande.
Cela expliquerait l'absence totale de communications depuis huit jours et le fait que le submersible n'a pas eu le temps d'activer la balise de détresse.
"Un grave problème avec une batterie peut générer de l'hydrogène, qui au delà d'un certain pourcentage, est explosif. Si une explosion s'est produite, eh bien, tout est perdu", a expliqué à l'AFP un ancien commandant de sous-marin.
Selon la Marine argentine, le sous-marin avait signalé un problème de batterie avant sa dernière communication, une avarie jugée pas suffisamment grave pour déclencher une procédure d'urgence. Le commandant avait décidé de poursuivre la navigation vers la base de Mar del Plata.
A Mar del Plata, à 400 km au sud de la capitale Buenos Aires, la base navale s'est transformée en centre d'accueil pour les proches des 44 marins portés disparus. Des psychologues, des prêtres s'emploient à soulager leurs angoisses.
Sur les grilles qui délimitent le périmètre de la base militaire, des dessins d'enfants, des icônes religieuses ou des messages de soutien ont été accrochés au grillage.
Mercredi soir, après l'annonce du porte-parole de la Marine, des proches des marins sont sortis de la base le visage fermé, abattus, parfois en pleurs. Ils connaissent le quotidien des sous-mariniers et ce qu'un "bruit" peut impliquer.
Une mère s'est avancée vers la jetée et a hurlé, face à l'océan Atlantique : "Rends-moi mon fils!"
Mobilisation internationale
Le drame redouté n'émeut pas outre mesure les Argentins, loin d'être en communion avec leurs forces armées. La répression du temps de la dictature a laissé des traces.
Les recherches s'intensifient. Plus de 4.000 personnes participent aux opérations, dans une zone étendue désormais sur 1.000 km de long, du nord au sud, et 500 km d'est en ouest, presque la superficie de la France.
Quatorze navires et dix avions sont mobilisés pour les recherches, auxquelles participent activement les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, le Brésil, le Chili.
Anticipant une éventuelle localisation du submersible, deux navires avaient appareillé mardi du port de Comodoro Rivadavia, en Patagonie argentine, avec un détachement de l'US Navy équipé de matériel de sauvetage, susceptible d'être utilisé en eau profonde, au cas où le San Juan aurait sombré, afin de secourir les membres d'équipage.
La Russie a annoncé envoyer un navire océanographique disposant d'équipements permettant d'"effectuer des recherches à une profondeur allant jusqu'à 6.000 mètres" grâce notamment à deux sous-marins miniatures.
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