Chacun a sa patte. Son oeil, comme on dit dans le milieu de la photographie. Thomas Hammoudi, 28 ans, Blas Garcia Castellano, 33 ans et Arezki Aïtel, 56 ans, sont tous photographes amateurs. Des Rouennais passionnés qui ne sortent jamais sans leur appareil de peur de rater une occasion de photographier leur ville, le premier de leur modèle. Chacun a son histoire. C'est par son métier de chef de projet que Thomas s'est mis à la photo avant de devenir mordu. Blas, guitariste, s'est offert un appareil pour poster des vidéos sur Youtube jusqu'à tomber sur une photo prise de nuit de l'Armada de Rouen. "J'étais bluffé, je me suis dit qu'il fallait que je fasse pareil." Arezki voulait simplement photographier sa fille, comme tout papa, lorsqu'il est devenu addict et a compris qu'il pouvait exprimer la nostalgie du Rouen de son enfance dans ses clichés.
Trois regards sur la ville
Ils sont certes amateurs, mais des années de pratique ont désormais forgé le style qui leur est propre. Arezki est le plus productif. "Si je passe une journée sans prendre de photo, je sens le manque. C'est une vraie drogue", confesse le quinquagénaire. Ses sujets préférés ? Les lieux qui ont forgé sa jeunesse, "quand j'allais au bar en mobylette Peugeot 108". Une nostalgie qui transparaît dans ses clichés dans lesquels il aime jouer avec les reflets.
Émotion communicative à en croire les plus de 20 000 personnes qui le suivent sur sa page Facebook Rouen photos. "C'est incroyable. Les gens me demandent même de photographier des lieux de leur enfance sur commande." Un moyen de figer le temps. C'est ce qui guide aussi Thomas. Lui travaille à Paris, mais continue de vivre à Rouen, qu'il aime immortaliser. "J'explique à tout le monde à la capitale combien cette ville est incroyable", raconte-t-il. Sa série de photo rend hommage en noir et blanc à des lieux méconnus. "Je ne voulais pas faire un guide touristique avec la cathédrale et le Gros-Horloge", précise-t-il. À la manière de William Eggleston, son modèle américain pour ses photos de Memphis, le jeune homme capte des éléments moins populaires, des silos à grains du port jusqu'aux bâtiments les plus modernes du quartier de la fac de droit.
Un silo à grains sur le port de Rouen. - Thomas Hammoudi
L'insolite, c'est aussi la clé du travail de Blas Garcia Castellano. "Je veux faire une photo que personne d'autre n'aura", explique le jeune homme. Son obsession : la recherche du spot idéal. "J'ai pu faire une photo de la foire Saint-Romain depuis une tour de Canteleu, en plongée. Le point de vue est vraiment rare", explique-t-il. Jusqu'à flirter avec la légalité ? Plus maintenant répond l'intéressé, épinglé après une série de photos dans le tunnel du métro. "J'ai compris que je risquais gros. Maintenant, je fais en sorte d'avoir les autorisations."
Bientôt pros ?
Les trois Rouennais vivent photo. De là à en faire un métier ? "Pourquoi pas", répondent-ils tous. Avec un point commun : la volonté de pouvoir vivre de leur propre style, sans contrainte. Arezki exposera pour la première fois une série de 15 photos en janvier à la bibliothèque des Capucins pour la réouverture des lieux. Thomas travaille sur une collection qui concerne son trajet quotidien entre Rouen et Paris. Tous vendent à la marge quelques photos, à la demande. Et surtout, ils continuent à ravir les aficionados sur les réseaux en partageant volontiers leurs clichés, pour qui veut les voir.
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