Les 44 marins auraient dû rentrer au bercail dimanche ou lundi. Mais leurs femmes, parents et enfants vivent au contraire un enfer depuis jeudi, quand ils ont reçu un appel d'officiers leur apprenant que le San Juan était porté disparu depuis la veille.
"Espérons qu'ils les localisent. Il faut attendre et prier, on n'a pas le choix. Nous avions prévu de nous retrouver dimanche à Mar del Plata pour faire un barbecue", confie Carlos Mendoza, père de Fernando Mendoza, espérant que ce n'est que partie remise.
"Nous essayons de positiver, et nous voyons avec beaucoup de fierté les messages d'espoir qui affluent sur les réseaux sociaux. Je suis convaincue que si les 33 mineurs chiliens sont sortis, nos 44 vont aussi revenir", assure Marcela Tagliafeta, belle-soeur du lieutenant Carlos Mendoza.
Sur les grilles métalliques qui encerclent la base navale, des messages écrits à la main, des images de la vierge, en soutien aux marins disparus.
"Jeunes courageux de la Marine: le coeur en pause jusqu'à votre retour", dit une affichette accrochée aux fils de fer avec des rubans bleu ciel et blanc, les couleurs du drapeau argentin.
La base est visible de l'avenue qui longe le littoral. Des points hauts de Mar del Plata, on distingue même le sous-marin Salta, identique au San Juan, de couleur noir, amarré dans la base.
La plupart des marins et leur famille vivent à Mar del Plata, port et station balnéaire, à 400 km de la capitale Buenos Aires.
Depuis jeudi, les proches qui le souhaitent sont hébergés dans la base, avec assistance médicale et psychologiques, 24 heures sur 24.
"Sois fort papa, ta famille t'attend", est écrit sur un feuille de papier, avec une image de la vierge de Carmen, Stella Maris, patrona del Mar y de los marinos.
Incertitude
"Logiquement, certains supportent mieux que d'autres, mais il y a un esprit positif, un espoir qu'un indice permette de mener au sous-marin", dit Jorge Villarreal, père de Fernando Villarreal, marin sur le San Juan.
"Ils sont très bien préparés. Mon fils a choisi ce métier car il se sent très fier et le fait avec beaucoup de professionalisme. Ils connaissent chaque recoin du sous-marin et comment s'en occuper".
Lundi, ils ont reçu pendant une demi-heure la visite du président argentin Mauricio Macri, venu à la rencontre des familles pour leur témoigner son soutien.
Le psychiatre Enrique Stein dirige la cellule psychologique. Question traumatisme, il s'y connait, pour avoir traité les anciens combattants de la guerre des Malouines, en 1982.
"Ils sont dans l'incertitude", explique-t-il, pour l'instant, "nous avons eu peu de situation de crise, de pleurs", mais "l'angoisse grandit" au fil des jours.
Samedi, un sentiment de jubilation a parcouru la base quand le ministre argentin de la Défense Oscar Aguad a annoncé que sept appels provenant probablement du sous-marin avaient été reçues dans des bases navales.
"Ils sont dehors. S'ils appellent par satellite, cela veut dire qu'il sont remontée à la surface, cela nous donne de l'espoir, car nous savons qu'en bas, ils sont foutus", s'était enthousiasmé Claudio Rodríguez, dont le frère Hernán est mécanicien sur le San Juan.
Ces présumés appels de détresse ont été interprétés comme des preuves de vie. Mais lundi, l'angoisse a redoublé quand le porte-parole de la marine a révélé que les appels ne venaient pas du téléphone satellite du submersible.
Toujours lundi, les familles ont cru pendant quelques heures que des sons enregistrés par deux navires étaient des signes de vie en provenance du sous-marin.
Là encore, les experts ont établi que ce n'était pas la marque acoustique d'un sous-marin, mais des bruits naturels de l'Atlantique.
"On ne sait rien. Nous sommes dans l'attente, avec beaucoup d'angoisse", confie Andrea Ali, épouse de Franco Ali, électricien à bord du San Juan.
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