"Vladimir Poutine a tenu des négociations avec le président syrien Bachar al-Assad qui s'est rendu en Russie pour une visite de travail", a annoncé mardi le Kremlin dans un communiqué.
Le maître du Kremlin a "félicité" le président syrien pour ses résultats dans la lutte contre le terrorisme, proche d'une défaite "inévitable et définitive", et estimé qu'il fallait "passer au processus politique", lors de cette rencontre, qui a eu lieu dans la résidence d'été de M. Poutine dans la station balnéaire de Sotchi.
Mercredi, un sommet tripartite réunira dans cette ville sur les bords de la mer Noire les présidents russe, turc et iranien pour la première d'une série de réunions internationales visant à relancer le processus de paix en Syrie maintenant que l'armée de Bachar al-Assad a pris l'avantage face aux rebelles et au groupe Etat islamique.
Selon M. Poutine, la rencontre avec le président syrien visait avant tout à discuter du "règlement politique et pacifique à long terme" en Syrie où six ans de conflit ont fait au moins 330.000 morts et des millions de réfugiés.
Le président russe a également informé son homologue syrien qu'il allait s'entretenir mardi au téléphone avec le président américain Donald Trump pour des "consultations" sur la situation en Syrie.
"Nous avons l'intérêt à faire avancer le processus politique (...). Nous ne voulons pas regarder en arrière et nous sommes prêts à un dialogue avec tous ceux qui souhaitent vraiment aboutir à un règlement politique", a souligné pour sa part Bachar al-Assad, selon ses propos traduits en russe.
peuple syrien reconnaissant
Il a également exprimé à Vladimir Poutine "la reconnaissance du peuple syrien" pour l'aide de la Russie dans la défense "de l'intégrité territoriale et de l'indépendance" de la Syrie.
Lancée en 2015, l'intervention militaire russe en Syrie a changé la donne en permettant notamment à l'armée syrienne de ravir à l'EI la cité antique de Palmyre et chasser les rebelles de leur bastion d'Alep, dans le nord.
Les forces du régime syrien ont chassé dimanche soir les jihadistes de Boukamal, dernier fief urbain en Syrie de l'EI qui a perdu la quasi-totalité de son territoire.
La Russie est également parrain avec l'Iran et la Turquie des négociations d'Astana réunissant sept fois cette année régime et opposition dans la capitale kazakhe.
Moscou et Téhéran, alliés de Damas, et Ankara, soutien des rebelles syriens, ont réussi dans ce cadre à mettre en place des "zones de désescalade" dans les régions d'Idleb (nord-ouest), de Homs (centre), dans la Ghouta orientale, près de Damas, ainsi que dans le sud.
Ces mesures ont permis d'abaisser la tension sur le terrain mais Moscou cherche désormais à trouver un débouché politique à ce processus qui s'est jusqu'à présent concentré sur les questions militaires.
Ankara flexible sur Assad
Toutes les tentatives de mettre fin à la guerre se sont pour l'instant heurtées au sort du Bachar al-Assad.
Mais pour Timur Akhmetov, expert du Conseil russe des affaires étrangères basé à Ankara, "pour l'instant, il est plus important pour la Turquie de garder son mot à dire dans de futures négociations politiques que de voir Assad quitter le pouvoir".
La dernière initiative russe visant à réunir régime et opposition en Russie a été reçue froidement par les rebelles et aucune date n'a été fixée pour cette rencontre évoquée d'abord pour le 18 novembre et désormais espérée début décembre.
En attendant, les différentes factions de l'opposition syrienne se réunissent à partir de mercredi à Ryad à l'invitation de l'Arabie saoudite, qui parraine le Haut Comité des Négociations (HCN) regroupant des groupes rebelles opposés au régime syrien.
Leur objectif est d'unifier leurs positions en vue de la reprise des négociations à Genève le 28 novembre qui doivent se concentrer sur la rédaction d'une nouvelle constitution et la tenue d'élections.
Ce processus a reçu le soutien de Vladimir Poutine et Donald Trump mi-novembre dans une déclaration commune rare vu l'état des relations entre Moscou et Washington. Mais le conflit syrien continue de donner lieu à des passes d'armes quasi quotidiennes entre les deux pays, compliquant tout rapprochement.
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