Nous sommes souvent "dans l'idée de n'avoir rien fait de mal et pour cela nous nous (en) contentons, présumant être bons et justes", a déclaré le pape lors d'une messe en la basilique Saint-Pierre à laquelle assistaient quelque 7.000 nécessiteux.
"Mais ne rien faire de mal ne suffit pas. Parce que Dieu n'est pas un contrôleur à la recherche de billets non compostés, il est un Père à la recherche d'enfants à qui confier ses biens et ses projets", a affirmé le pontif argentin.
Chez les pauvres, "dans leur faiblesse, il y a une force salvatrice. Et si aux yeux du monde, ils ont peu de valeur, ce sont eux qui nous ouvrent le chemin du ciel", a-t-il affirmé.
Jorge Bergoglio a ensuite déjeuné en musique avec 1.500 déshérités dans une salle du Vatican, tandis que 2.500 autres seront répartis dans les réfectoires de différentes institutions pontificales.
Les convives sont venus d'Italie, mais aussi de France (Paris, Lyon, Nantes, Angers et Beauvais), de Pologne (Varsovie, Cracovie), d'Espagne (Solsona), de Belgique (Malines, Bruxelles) ou encore du Luxembourg.
Des initiatives analogues étaient prévues dans tous les diocèses d'Italie et du monde.
"Cette journée, je la vis avec une immense joie, je suis heureux en voyant tous ces gens présents mais nous ne devons pas être aidés un seul jour mais tout au long de l'année", explique Francesco, venu de Sardaigne pour partager le déjeuner avec le pape.
"Une journée comme celle-ci donne un peu d'espoir, on espère de bonnes choses pour le futur", ajoute ce quinquagénaire.
- 'Pas de honte' -
Parents de neuf enfants, Fabio et Maria Lorena sont aidés par l'organisation caritative de l'Eglise catholique Caritas, et font eux aussi partie des centaines de convives.
"Je n'ai pas honte d'être pauvre, j'en suis même fière lorsque je vois la solidarité et la générosité que j'ai constatée aujourd'hui, avec tous ces bras qui se tendaient pour s'occuper de nos petits", confie Maria Lorena.
"Nous sommes pauvres matériellement mais riches de notre foi et de notre dignité", ajoute-t-elle.
Pour Paola, une volontaire présente sur la place Saint-Pierre "l'important ce n'est pas ce qu'on donne mais surtout ce qu'on reçoit de ces personnes, dans les paroles, les gestes, les mains serrées".
A l'occasion du déjeuner, l'immense salle Paul VI qui jouxte la basilique vaticane et accueille habituellement audiences papales et conférences, a été aménagée pour recevoir 150 tables rondes, ornées de bouquets, dont chacune peut accueillir dix convives.
Au menu: gnocchis, bouchées de veau aux légumes, tiramisù, le tout préparé par un chef chargé des repas officiels du Vatican. Chaque invité s'est aussi vu offrir des chocolats et un cyclamen.
Pour le pape François, qui avait lancé cette initiative après la clôture, il y a un an, du "Jubilé de la miséricorde", l'Eglise est comme "un hôpital de campagne qui a pour caractéristique de naître là où on se bat".
Et c'est sur la place Saint-Pierre qu'il a concrètement transformé cette image symbolique en réalité, avec l'ouverture provisoire d'un dispensaire médical gratuit.
- 'Tendre les mains' -
Accueillis par des volontaires dans des camions aménagés, les démunis ont accès à différents soins: analyses cliniques, cardiologie, dermatologie, gynécologie, maladies infectieuses.
Pietro Sollena, jeune médecin dermatologue bénévole d'un hôpital de Rome, avoue n'être pas habituellement confronté à tant de cas de brûlures, parasitoses ou gales. "Beaucoup de problèmes sont provoqués par le manque d'hygiène de personnes forcées de vivre dans la rue", relève-t-il.
Dans un long message préparé à l'avance pour la Journée mondiale des pauvres, et qui devait être distribué dans de nombreuses églises du monde, le pape a demandé aux fidèles de "tendre leurs mains vers ceux qui crient à l'aide et demandent notre solidarité".
Elu le 13 mars 2013, le pape argentin, qui connaît bien les bidonvilles de son pays d'origine, avait déclaré vouloir "une Eglise pauvre, pour les pauvres". Expliquant ainsi pourquoi il avait choisi le prénom de Saint François d'Assise pour son pontificat.
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