Il est 20H45 quand Arnaud Martin, gardien de la paix au sein de la Compagnie de Sécurité et d'Intervention à Paris, se rend après son service dans cette ville de grande banlieue parisienne.
Là, il retrouve sa petite amie "qui l'attendait pour discuter de leur séparation dans sa voiture", à proximité du pavillon de ses parents, a indiqué dans un communiqué le procureur de la République de Pontoise, Eric Corbaux.
La discussion s'envenime, le fonctionnaire sort son arme et la blesse au visage. La jeune femme, qui était "consciente à l'arrivée des secours", se trouvait toujours dans un état critique dimanche matin.
Arnaud Martin abat ensuite deux personnes qui, selon les premiers éléments de l'enquête, avaient tenté d'intervenir. D'abord un homme âgé de 30 ans, qui écoutait de la musique dans sa voiture, garée face au pavillon de sa mère, et "venait voir ce qui se passait", selon le procureur. Puis un autre passant, âgé de 44 ans, dont le corps a également été retrouvé à proximité.
Ce dernier "était sorti acheter des cigarettes. Il s'apprêtait à souffler ses bougies d'anniversaire", a témoigné sa belle-soeur Noria Madani, très affectée: "Il a dit à ses enfants qu'il revenait tout de suite et la police est venue dire qu'il ne reviendra plus jamais..."
Le gardien de la paix se rend ensuite au pavillon de la famille de sa petite amie, à une dizaine de mètres de là, où il tue le père de famille, blesse grièvement au thorax la mère tandis que la soeur de la jeune femme reçoit une balle dans le fémur.
Un "bon fonctionnaire"
Le policier, qui a également abattu le chien de la famille, est finalement "retrouvé mort d'une balle dans la tête, son arme à la main, au fond du jardin", selon le parquet.
"Selon ses chefs de service, c'était un bon fonctionnaire, ancien gendarme mobile très rigoureux", a ajouté le procureur, qui a confié l'enquête à la police judiciaire de Versailles.
Dimanche matin, le grand pavillon de construction récente où vivait la famille de la jeune femme, dans un rue tranquille du vieux Sarcelles, gardait les volets clos.
A l'endroit où les deux riverains ont été tués, du sable avait été répandu pour recouvrir les traces de sang. Des gants en latex et des compresses stériles témoignant de l'intervention des secours jonchaient la chaussée.
Sur place, le député socialiste et ancien maire de Sarcelles François Pupponi, familier de la plupart des victimes, a fait part de sa "sidération".
Au bar-tabac comme à la boulangerie de Sarcelles village, toutes les conversations tournaient autour du drame, qui intervient dans un contexte de recrudescence des suicides dans les rangs des forces de l'ordre.
Après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, les policiers avaient obtenu le droit de garder leur arme de service en permanence.
Une disposition pérennisée et encadrée par plusieurs circulaires depuis l'été 2016: les agents souhaitant porter leur arme hors service doivent en faire la déclaration et avoir effectué au moins trois entrainements de tir par an. Ces conditions s'appliquent aussi aux trajets domicile-travail entre deux services. A tout moment, le chef de service peut s'y opposer.
A Sarcelles, Noria Madani se demandait dimanche ce qu'elle allait dire à ses neveux "inconsolables", de 7, 11 et 14 ans: "On leur dit que la police est là pour les protéger et un policier tue leur père, un homme qui ne supportait pas l'injustice et qui est mort d'avoir voulu sauver une femme".
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