Süleymanoglu, détenteur de 46 records du monde dans sa discipline, s'est éteint dans un hôpital d'Istanbul où il se trouvait en soins intensifs depuis fin septembre pour une grave insuffisance hépatique, a indiqué l'agence de presse étatique Anadolu.
Il avait reçu un nouveau foie en octobre, mais avait dû être transporté d'urgence au bloc opératoire la semaine dernière après une hémorragie cérébrale.
Ce roi de la fonte mesurant à peine 1,47 m aura eu une vie sportive et personnelle mouvementée, entre sa fuite de Bulgarie digne d'un roman d'espionnage, ses titres mondiaux et ses tentatives hasardeuses de percer en politique sous l'étiquette ultranationaliste.
Né de parents turcs en Bulgarie en 1967, Süleymanoglu soulève des poids dès l'âge de neuf ans, puis intègre l'équipe olympique de son pays, où il souffre cependant des pressions croissantes contre les minorités.
En 1986, alors qu'il se trouve à Melbourne où se déroule une épreuve de coupe du monde, il parvient à obtenir l'asile politique en Turquie et la nationalité de ses ancêtres au terme d'une défection rocambolesque.
Après s'être réfugié à l'ambassade de Turquie, il s'était rendu d'abord à Londres dans le jet personnel du Premier ministre turc de l'époque, Turgut Ozal, qui le prit sous son aile. Puis il fut accueilli en héros à Ankara.
Duel homérique d'Atlanta
Sous les couleurs de la Turquie, il a remporté son premier titre olympique lors des Jeux de Séoul, en 1988, soulevant 190 kg à l'épaulé-jeté et 152,5 à l'arraché pour un total de 342,5 kg.
Après quelques mois d'errance due à son nouveau statut de nanti qui lui coûte sa vie de famille, le petit homme fort effectue un retour tonitruant aux Jeux de Barcelone avec un deuxième titre olympique.
Doté d'une force de bras peu commune et d'une prodigieuse vitesse d'exécution, Süleymanoglu s'adjuge un troisième titre olympique d'affilée en 1996 à Atlanta, réalisant la première passe de trois olympique dans sa discipline.
Ses victoires, et ses multiples records du monde, ont fait de Süleymanoglu un héros en Turquie, où sa rivalité légendaire avec l'haltérophile grec Valerios Leonidis, mâtinée de diplomatie sur fond de vives tensions entre Ankara et Athènes, est aujourd'hui contée aux enfants.
Lors des Jeux d'Atlanta, les deux hommes s'étaient affrontés lors d'un duel homérique qui est entré dans les annales olympiques. Le Turc avait réussi à se défaire du Grec en soulevant 335 kg, légèrement mieux que les 332,5 kg de son adversaire.
Après une riche carrière sportive marquée par une tentative de retour infructueuse, Süleymanoglu s'est lancé en politique, sans connaître le même succès.
Sous les couleurs du parti ultranationaliste MHP, il participe aux élections municipales de 2004 et législatives de 2007, mais il échoue.
Signe de son statut de symbole en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan, qui avait rendu visite à l'athlète sur son lit d'hôpital, a présenté samedi ses condoléances "à la famille (de l'athlète) et à la nation".
"L'haltérophilie turque a perdu l'un de ses trésors", s'est désolé le patron de la Fédération turque d'haltérophilie Tamer Taspinar, cité par Anadolu. "Il avait conquis non seulement le peuple turc, mais aussi les coeurs dans le monde entier", a-t-il ajouté.
Süleymanoglu devrait être enterré dimanche à Istanbul, selon les autorités locales.
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