Jeudi, 80.000 participants ont battu le pavé partout en France (source police), près de trois fois moins que lors de la première journée de contestation (223.000, 500.000 selon la CGT).
La CGT refuse de parler de "baroud d'honneur" et FO d'"échec", à propos de la mobilisation de jeudi. Mais aucune nouvelle date n'est prévue et les regards sont déjà tournés depuis quelques jours vers de nouvelles réformes sociales: apprentissage, formation, assurance chômage, retraites.
La rue "est un moyen parmi tant d'autres pour maintenir le rapport de force", explique Pascal Pavageau, dauphin de Jean-Claude Mailly, le numéro un de FO, qui réfléchit à des recours juridiques.
La CGT et la CFDT en ont déjà déposé plusieurs auprès du conseil d'Etat.
Sur l'un d'entre eux, la CGT a été déboutée sur la forme jeudi: il s'agit d'un recours portant sur trois articles de la première ordonnance (articulation entre branches, validation de l'accord majoritaire, primauté de l'accord d'entreprise sur le contrat de travail). Mais la juridiction ne ferme pas la porte sur le fond, se laissant le temps d'étudier le dossier.
La CGT a aussi attaqué deux autres ordonnances. Celle portant sur la fusion des instances représentatives du personnel est critiquée par toutes les organisations syndicales, qui craignent que cette mesure aboutisse à les exclure des entreprises.
Elle proteste aussi auprès du conseil d'Etat contre le barème obligatoire des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, également décrié unanimement. Indépendamment de la confédération, cette mesure a été attaquée par plus d'une vingtaine de syndicats CGT.
De son côté, la CFDT conteste la possibilité ouverte à l'employeur dans les entreprises de moins de 20 personnes de négocier directement avec les salariés, ce qui revient, pour ce syndicat, à une "décision unilatérale" du chef d'entreprise.
"Bâton de syndicaliste"
Outre le front judiciaire, la bataille "va se jouer dans l'entreprise", explique Catherine Perret (CGT), qui reconnait que "la rue, c'est devenu plus compliqué".
"Maintenant, on prend notre bâton de syndicaliste et nous allons essayer d'expliquer aux salariés dans les entreprises les régressions sociales des ordonnances. Et quand on aura le sentiment que la prise de conscience est suffisante, nous engagerons les actions" de mobilisation, espère-t-elle.
Un terrain qu'occupe aussi la CFDT: elle a organisé une "opération coup de poing" le 9 novembre, en invitant ses militants à "rencontrer les salariés" dans les entreprises pour parler syndicalisme.
"Pour être utile", le syndicalisme "doit être présent sur le terrain auprès des salariés et des fonctionnaires, pour les écouter et construire avec eux des propositions et des contre-propositions au plus près de leurs réalités", souligne Laurent Berger, numéro un de la CFDT.
Un travail de longue haleine, à contre-courant du tempo de l'exécutif, qui mène ses réformes au pas de course.
Le ministère du Travail a lancé la semaine dernière la concertation sur celle de l'apprentissage, qui doit mener, selon la ministre Muriel Pénicaud, à une "révolution copernicienne". La négociation sur la formation professionnelle, autre réforme d'envergure, doit aboutir d'ici février, pour un projet de loi au printemps qui comprendra aussi la réforme délicate de l'assurance chômage.
"Ca va être compliqué de mobiliser sur ces sujets-là, trop techniques. Sur les retraites en revanche, nous avons une marge de manoeuvre", pense un haut responsable syndical, rêvant d'une action unitaire de tous les syndicats.
Aucune date-butoir n'est fixée pour ce chantier sensible des retraites, qui devrait être lancé dès l'an prochain et pourrait durer 10 ans. Emmanuel Macron veut unifier tous les régimes, supprimer les régimes spéciaux et mettre en place un système à points, qui interpelle les syndicats.
Toutefois, ils ont encore en tête les mobilisations massives, mais infructueuses contre la réforme des retraites de 2010.
Certaines manifestations avaient alors attiré plus d'un million de personnes, selon la police, à l'appel de tous les syndicats, ce qui n'a pas empêché l'entrée en vigueur de la réforme.
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