M. Mnangagwa, pressenti un temps comme possible successeur du plus vieux chef de l'Etat en exercice de la planète, avait fui le Zimbabwe dans la foulée de son renvoi du gouvernement, le 6 novembre, pour "manque de loyauté" envers le président.
En exil, il s'en était violemment pris au couple Mugabe, qui se considère comme des "demi-dieux", et avait promis de "revenir" au pays pour diriger la Zanu-PF, le parti au pouvoir.
Il est rentré dès jeudi à Harare, a confirmé à l'AFP un de ses proches, quarante-huit heures après le coup de force de l'armée, qui a placé en résidence surveillée le président Mugabe, au pouvoir depuis trente-sept ans.
Le nom de M. Mnangagwa circule avec insistance pour diriger la transition qui pourrait s'ouvrir en cas de départ de M. Mugabe.
"La meilleure façon (pour l'armée) de présenter un vernis de légalité serait que Mugabe renomme Mnangagwa vice-président et qu'ensuite il se retire", estime l'analyste Derek Matyszak, de l'Institut des études pour la sécurité (ISS) de Pretoria.
Selon la Constitution zimbabwéenne, le vice-président succède au président en cas de démission, de décès ou d'empêchement, jusqu'à l'organisation de nouvelles élections.
Jeudi, le chef de l'Etat a toutefois catégoriquement refusé de démissionner lors d'un premier entretien avec le chef d'état-major de l'armée, le général Constantino Chiwenga, en présence notamment de deux envoyés spéciaux sud-africains.
Défiance
"Il a refusé de démissionner, je pense qu'il essaie de gagner du temps", a déclaré à l'AFP une source militaire.
Nouveau signe de son refus de céder aux exigences de l'armée, M. Mugabe est apparu vendredi matin en public pour la première fois depuis l'intervention de l'armée.
Revêtu d'une toge universitaire bleue et d'une coiffe assortie, le président, qui avait lui même confirmé être retenu dans sa résidence, a participé dans la matinée à une cérémonie de remise de diplômes à l'université d'Harare.
Jeudi déjà, il avait posé très décontracté devant une cheminée de la présidence à côté du général Chiwenga, tout sourire, en treillis et béret, à l'occasion de leur entretien.
Dans un communiqué publié vendredi matin par les médias d'Etat, l'armée a précisé poursuivre les discussions avec le président Mugabe "sur la prochaine étape".
Dans la nuit de mardi à mercredi, l'armée a pris le contrôle - sans faire de victimes - de la capitale Harare, en soutien à M. Mnangagwa, devenu l'ennemi juré de la Première dame.
C'est Grace Mugabe, l'ambitieuse épouse du président, qui l'avait fait chuter début novembre. L'éviction de M. Mnangagwa visait à lui laisser le champ libre pour remplacer, le moment venu, son mari à la santé fragile.
Un scénario inacceptable pour l'armée, qui a décidé d'intervenir.
Arrestations
Les haut gradés ont joué un rôle clé dans la lutte pour l'indépendance du Zimbabwe en 1980, tout comme MM. Mugabe et Mnangagwa.
L'armée a annoncé vendredi avoir arrêté plusieurs proches du président, dans le cadre de son opération de purge au sein de la Zanu-PF, visant la faction pro Grace Mugabe. Elle n'a pas avancé de noms.
L'armée a appelé vendredi "la nation à rester patiente et pacifique le temps" de mener à bien son "opération".
La Zanu-PF, au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, est divisée entre le "G40" pour génération 40, des quadragénaires proches de Grace Mugabe, et la faction Lacoste, les fidèles de M. Mnangagwa surnommé le "Crocodile".
Dans la capitale, la vie se poursuivait comme si de rien n'était. La circulation était normale et les magasins étaient ouverts, a constaté une journaliste de l'AFP. L'armée bloque toujours les accès stratégiques comme les abords du Parlement et de la Cour suprême.
Les électeurs continuaient à s'enregistrer sur les listes électorales en vu des élections présidentielle et législatives prévues en 2018. M. Mugabe a prévu de briguer un nouveau mandat de cinq ans.
Pour Eldred Masunungure, professeur à l'université du Zimbabwe, une solution possible pour sortir de cette situation serait une "coalition préélection".
Jeudi, l'opposition a appelé à la démission du président Mugabe mais précisé ne pas être associée aux discussions avec l'armée.
Le Royaume-Uni, ancienne puissance coloniale du Zimbabwe, a appelé à la tenue des élections prévues en 2018.
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