En juin 2014, l'organisation ultraviolente avait proclamé un "califat" sur un territoire de sept millions d'habitants aussi grand que l'Italie après s'être emparée de pans entiers de Syrie et de près d'un tiers de l'Irak.
Aujourd'hui, l'EI a perdu 95% de ces zones, selon la coalition internationale antijihadistes emmenée par les Etats-Unis, et il est en passe d'être chassé de toutes les localités d'Irak. Mais alors que la victoire approche à Rawa, les forces irakiennes devront encore ratisser de larges pans du désert le long de la Syrie pour en chasser les derniers jihadistes.
Les troupes gouvernementales et paramilitaires irakiennes ont lancé "à l'aube les opérations pour libérer la localité de Rawa", dans l'immense province désertique d'Al-Anbar, à 350 kilomètres à l'ouest de Bagdad, a indiqué dans un communiqué le Commandement conjoint des opérations (JOC), qui regroupe l'ensemble des forces combattant l'EI en Irak.
Depuis plusieurs jours, a précisé le JOC, des appels avaient été lancés aux habitants de la région, tous sunnites, pour qu'ils hissent un drapeau blanc sur leur toit en prévision de l'entrée des troupes.
"L'armée et des combattants tribaux sont entrés dans Rawa par l'ouest", a indiqué à l'AFP un officier de l'armée sur place. Les jihadistes avaient, comme dans chaque bataille, dressé des obstacles sur la route des troupes, ont rapporté des militaires.
Les forces progouvernementales "ont libéré les quartiers d'Abou Goua, al-Bouobeïd, al-Qadissia, al-Azerchia dans l'ouest de la localité de Rawa", a indiqué peu après le général chargé des opérations Abdelamir Yarallah.
Et, a assuré un autre général de l'armée joint par l'AFP sur place, la reprise de Rawa pourrait être rapide car "la majorité des combattants de l'EI qui s'y trouvaient se sont enfuis vers la frontière syrienne".
Sécuriser le désert
Mais exactement de l'autre côté de cette frontière, l'EI est aussi en posture difficile avec un nouvel assaut des forces du régime syrien contre son dernier fief urbain en Syrie, Boukamal, situé dans la riche province pétrolière de Deir Ezzor.
L'armée syrienne avait annoncé il y a une semaine avoir conquis Boukamal. Mais les jihadistes avaient réussi quelques jours plus tard à reprendre le contrôle de cette ville de l'est syrien.
Les jihadistes de l'EI contrôlent toujours 25% de la province syrienne de Deir Ezzor, ainsi que certaines poches dans les provinces de Hama (centre), Damas, et dans le sud du pays.
Dans cette région frontalière de l'Irak, deux offensives distinctes sont menées pour reprendre aux jihadistes les territoires sous leur contrôle. D'un côté, les forces du régime, de l'autre, les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenus par Washington.
En resserrant l'étau autour de l'EI des deux côtés de la frontière, l'Irak et la Syrie sont en passe d'en finir avec le contrôle territorial des jihadistes mais ils doivent se préparer à voir ressurgir combattants et kamikazes ailleurs que dans ce réduit, préviennent les experts.
Car si les forces irakiennes ont redoré leur blason en remportant la bataille de Mossoul, la deuxième ville d'Irak, au terme d'une guérilla urbaine de neuf mois rarement vue dans l'histoire moderne, Al-Anbar est un théâtre d'opération bien différent.
Dans cette province peu peuplée et connue de longue date pour être une zone de passage des jihadistes comme des contrebandiers, les forces continuent à ratisser de larges pans de désert "à découvert", notamment le long de la poreuse frontière syrienne, pour les "nettoyer" indiquait récemment le Premier ministre Haider al-Abadi, également commandant en chef des armées.
Michael Knights, chercheur au Washington Institute for Near East Policy, affirmait récemment à l'AFP que les jihadistes allaient désormais "reprendre l'insurrection des débuts". "Dans de nombreux endroits, ils ont retrouvé leurs capacités de 2013" et ont encore plusieurs caches possibles à travers le territoire irakien, disait-il, citant les villes de "Ramadi, Fallouja, la ceinture entourant Bagdad et des zones des provinces d'Al-Anbar et de Diyala".
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