Dans un écrit diffusé jeudi, le juge Humberto Otazu "donne suite à la demande d'extradition du citoyen Nicolas Leoz Almiron" et précise qu'un "comité médical devra être formé, afin de donner son avis sur la santé de la personne à extrader".
Nicolas Leoz est actuellement assigné à résidence dans sa maison à Asuncion, soupçonné d'avoir touché des pots-de-vin en échange de l'attribution des droits de diffusion TV de compétitions organisées par la Conmebol, la Confédération sud-américaine de football.
Il est accusé par la justice américaine "d'association illicite en bande organisée, fraude, blanchiment d'argent" entre 2010 et 2013, précise le magistrat.
Elu en 1986 président de la Confédération sud-américaine de football, Leoz a quitté ses fonctions en 2013. Il est également soupçonné d'avoir touché des pots-de-vin pour favoriser l'octroi des Mondiaux à la Russie (2018) et au Qatar (2022), aux dépens des Etats-Unis et de l'Angleterre.
L'avocat de Nicolas Leoz, Ricardo Preda, a aussitôt réagi et annoncé à l'AFP qu'il ferait appel de la décision.
"Nous ne connaissons pas encore les arguments, mais nous allons faire appel. Nous sommes convaincus qu'il n'y a pas de raison de l'extrader. Il y a eu des commissions versées entre particuliers, ce n'est pas un délit au Paraguay. Si les faits ne sont pas punissables au Paraguay, le Paraguay ne peut pas l'extrader", affirme-t-il.
"En plus, M. Leoz a des problèmes de santé depuis 5 ans, il a 89 ans, et il est sous assistance médicale 24 heures sur 24. Il n'a pas pris l'avion depuis quatre ans pour des raisons de santé", plaide Ricardo Preda. Il est diminué par la maladie de Parkinson et des problèmes cardiaques.
Santé fragile
Une fois que la justice approuve une demande d'extradition, le ministère des Affaires étrangères doit encore donner son feu vert. Le Paraguay a un accord d'extradition avec les Etats-Unis, mais la santé fragile de Leoz devrait être un obstacle à son transfert vers les Etats-Unis.
Avec les Brésiliens Joao Havelange et Ricardo Teixeira ainsi que l'Argentin Julio Grondona, le Paraguayen Nicolas Leoz avait la haute main sur le football sud-américain des années 1980 jusqu'au début des années 2010.
Trois accusés de second rang sont actuellement jugés lors du procès Fifa à New York, soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin: Juan Angel Napout, quand il était président de la fédération paraguayenne, Manuel Burga, ex-président de la fédération péruvienne, et José Maria Marin, ancien patron de la fédération brésilienne.
Nicolas Leoz, journaliste, avocat puis chef d'entreprise, est assigné à résidence depuis juin 2015, quand la justice américaine a émis un mandat d'arrêt international contre lui. Il était visé par la première vague de mandats d'arrêt de la justice américaine, mais il a jusqu'ici réussi à déjouer les tentatives d'extradition.
Quelques heures après les interpellations de la police Suisse à Zurich en mai 2015, Nicolas Leoz avait été hospitalisé d'urgence dans la clinique privée qu'il possède dans le centre d'Asuncion. Cela a été perçu comme une manoeuvre pour se protéger d'une éventuelle arrestation.
Ses deux successeurs à la tête de la Conmebol, l'Uruguayen Eugenio Figueredo et le Paraguayen Juan Angel Napout, sont également accusés de corruption dans le cadre du Fifagate, et assignés à résidence, respectivement en Uruguay et aux Etats-Unis.
Nicolas Leoz est un personnage de premier plan au Paraguay, qui a amassé une fortune considérable. Après l'émission du mandat d'arrêt américain en 2015, le ministre paraguayen des Affaires étrangères Eladio Loizaga avait déclaré: "il faut reconnaître qu'il a fait beaucoup pour notre pays", référence à l'installation du siège de la Conmebol à Asuncion, une fierté pour les Paraguayens.
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