L'enquête, menée depuis juin par trois juges d'instruction des pôles financier antiterroriste de Paris, doit déterminer si le géant du ciment a transmis ou non de l'argent à certains groupes, notamment l'EI, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya (nord du pays).
Les enquêteurs cherchent aussi à savoir si des responsables de l'entreprise en France, qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim, ont eu connaissance de tels accords et du danger qu'ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place.
"LafargeHolcim rappelle qu'il a condamné avec la plus grande fermeté les erreurs commises en Syrie et qu'il met tout en place pour qu'une telle situation ne puisse plus se reproduire. Le dossier a été traité avec le plus grand sérieux au sein de la société qui a chargé dès 2016 un cabinet d'avocats de procéder à une enquête indépendante", avait réagi le groupe dans une déclaration transmise mardi soir à l'AFP.
Le scandale avait été révélé en juin 2016 par Le Monde : dans son enquête, le quotidien avait mis en lumière de "troubles arrangements" entre Lafarge Cement Syrie (LCS), la branche syrienne du groupe, et l'organisation État islamique qui gagnait alors du terrain et devenait incontournable dans la région.
Deux mois plus tard, le ministère français de l'Économie avait porté plainte, déclenchant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ).
Dans son rapport, dont l'AFP a eu connaissance, le SNDJ conclut que LCS a "effectué des paiements aux groupes jihadistes" pour que la cimenterie continue à fonctionner.
Ils représentaient pour l'EI "de l'ordre de 20.000 dollars" par mois, a raconté Bruno Pescheux, directeur de la cimenterie de 2008 à 2014, devant les enquêteurs, d'après une source proche du dossier.
Dans cette affaire, une autre perquisition s'est déroulée mardi au siège de GBL (Groupe Bruxelles Lambert), la holding du milliardaire belge Albert Frère qui détient 9,4% du capital de LafargeHolcim.
GBL, qui a confirmé dans un communiqué avoir fait l'objet d'investigations, a dit "coopérer pleinement" avec la justice.
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