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Colère et peur dans un village iranien secoué par le séisme

"Nos maisons sont détruites, on est à bout", confie Abdol Ghader Ziaïe, habitant d'un village dans l'ouest de l'Iran. Dans les ruines de Kouik, les rescapés du tremblement de terre oscillent entre colère, fatalisme et craintes pour leur avenir immédiat.

Colère et peur dans un village iranien secoué par le séisme
Photo prise le 15 novembre 2017 d'une Iranienne près des décombres de sa maison à Kouik (nord-ouest) après le séisme du 12 novembre - ATTA KENARE [AFP]

Comme d'autres habitants de cet ensemble de villages à une quinzaine de kilomètres au nord de Sar-e Pol-e Zahab, la grande ville la plus touchée par le séisme de dimanche, M. Ziaïe, la cinquantaine, a installé une tente dans son jardin, et allumé un feu de bois pour faire du thé et la cuisine.

Les différents villages de Kouik ont été rasés à plus de 50% par la secousse tellurique d'une magnitude de 7,3, qui a fait officiellement 432 morts en Iran, tous dans cette région frontalière de l'Irak.

Au milieu des amoncellements de pierre blanche et de tôle ondulée, vaches et moutons déambulent entre les tentes dressées par les habitants, encore sous le choc. Dans cette zone aride, majoritairement kurde, à environ 520 km au sud-ouest de Téhéran, on vit principalement de l'agriculture et de l'élevage.

Sur un terrain entouré de gravats, des familles ont planté des tentes individuelles et regroupé quelques baluchons, matelas et tapis sauvés des décombres. L'électricité n'a pas encore été rétablie, pas plus que la desserte en eau.

'Peur des bandits'

"Nous n'avons pas de toilettes. Il faut des toilettes mobiles. En plus, il y a toujours des animaux sous les décombres et avec la chaleur, on craint les épidémies", explique M. Ziaïe. Pendant la journée, la température dans ces collines à plus de 500 mètres d'altitude peut monter encore jusqu'à 30 degrés alors que les nuits sont presque glaciales.

M. Ziaïe se plaint que son village n'ait encore reçu aucune aide de l'État. Seuls des particuliers, venus parfois de loin, avec leurs propres voitures ont apporté de l'eau, des vivres ou des couvertures.

Après s'être concentrées sur les secours aux habitants des sept villes touchées par le séisme, les autorités ont commencé mercredi à envoyer davantage d'aide vers les villages mais leur nombre, près de 2.000, rend la tâche très difficile.

Néanmoins, de nombreuses ambulances et des équipes du Croissant rouge ou de l'armée ont commencé à se déployer dans les villages des environs mercredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Kouik, M. Ziaïe a "entendu" parler "de gens qui viennent voler les affaires et le bétail". "En plus de la détresse du séisme, il y a la peur des bandits", dit Forsat, sa soeur. Et aussi celle de l'hiver et du froid qui arrivent.

Le chagrin est encore bien présent. Un groupe de pleureuses est incapable de réprimer sa peine. Un homme tient la tête de l'une d'elles sur son coeur pour la conforter. Une autre caresse l'écran d'un téléphone portable affichant une photo de son mari, tué par le séisme. Non loin, un bulldozer des Gardiens de la Révolution, l'armée d'élite de la République islamique, déblaye des gravats.

'Volonté divine'

"Le séisme nous a frappés, c'est la volonté divine. On n'y peut rien. Mais les autorités doivent nous aider à reconstruire les maisons. Nous sommes pauvres et nous ne pouvons rien faire sans l'aide du gouvernement", dit Reza Boujani, paysan d'une cinquantaine d'années à Ghaleh Bahadori, un village voisin.

Dans cette région ravagée lors de la guerre Iran-Irak (1980-1988), certains ont le sentiment que le sort s'acharne. Pendant ce conflit, la région de Sar-e Pol-e Zahab a été un axe majeur de l'offensive de l'armée irakienne et a opposé une résistance farouche pendant toute la durée des hostilités.

"Nous avons eu les destructions de la guerre et aujourd'hui tout est détruit de nouveau par le séisme", déplore M. Boujani.

"Qu'on nous aide pour construire des maisons", implore son père Morad Boujani, 90 ans. "Où allons-nous dormir ? Nous construirons nous-mêmes les maisons", assure le vieillard, les mains tremblantes sur sa canne, "mais le gouvernement doit nous apporter de l'aide."

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